La bourse de Moscou rouvre… et termine dans le vert

Une ouverture de bourse, après une période de fermeture, est toujours un peu délicate : ça passe ou ça casse, en résumé. La bourse de Moscou avait fermé ses portes, juste après l’invasion, après une chute massive. Mais jeudi elle a rouvert, et a clôturé dans le vert. Ce n’est cependant pas une ouverture complète : de nombreuses limitations sont en place.

Après un mois, les investisseurs russes ont pu retourner dans leur antre. Le lendemain de l’invasion de l’Ukraine, elle avait été fermée, car la volatilité et les ventes massives étaient devenues trop importantes. Elle a été déclarée pour morte et enterrée, et nul ne savait quand, et si, elle allait rouvrir, mais ce jeudi la Bourse de Moscou a été rouverte.

Mais les négociations ne peuvent pas avoir lieu comme avant. Déjà, la bourse n’était ouverte que durant quatre heures, de 9h50 à 14h (heure locale, deux heures de plus qu’à Bruxelles). Seules 33 actions étaient disponibles aux négociations, sur les 50 libellées en roubles. Les vendeurs à découverts sont interdits jusqu’à nouvel ordre, et les investisseurs étrangers jusqu’au premier avril.

+4% à la clôture

La bourse moscovite a deux indices. Un premier, libellé en roubles, le MOEX, a connu un départ en trombes. Après une heure, l’indice culminait à 10%, avant de redescendre à un plus de 4,37% sur la journée. Le deuxième indice, le RTS, libellé en dollars, n’a pas si fière allure et a perdu 9% sur la journée.

Parmi les actions ouvertes à la négociation, les compagnies du secteur de l’énergie ont mené la danse. Sur l’indice MOEX, Gazprom a terminé avec plus de 13% dans le vert, Lukoil avec plus de 12%. Sberbank, une de principale banques russes, visée par les sanctions, a terminé à près de 4% en plus, suivant le même parcours que le MOEX en général, mais une autre banque, VTB, a fini avec plus de 5% dans le rouge.

Préparation à l’ouverture

Lundi déjà, l’échange d’obligations d’Etat était possible. L’Etat se préparait depuis quelques temps à la réouverture, essayant de préparer le terrain pour pas que le marché ne s’effondre comme le 24 février (chute du MOEX de 30%, soit près de 200 milliards de dollars partis en fumée). Ainsi l’Etat donne des fonds pour soutenir le marché, et a attendu une conjoncture favorable pour l’énergie, notamment. Mercredi, Poutine a indiqué uniquement accepter des paiements en roubles pour le gaz, une stratégie pas très claire sur le long terme, mais qui dans l’immédiat a donné un coup de boost au rouble et prix du gaz.

Mais l’ouverture, ainsi que le moment et la manière choisis, ne vont pas sans critiques. Dans un communiqué, le conseiller adjoint à la sécurité nationale et l’économie internationale de la Maison Blanche, Daleep Singh, décrit cette ouverture comme une mascarade.

« La Russie a clairement indiqué qu’elle allait consacrer des ressources gouvernementales à soutenir artificiellement les actions des entreprises en Bourse. Il ne s’agit pas d’un véritable marché ni d’un modèle durable, ce qui ne fait que souligner l’isolement de la Russie », dénonce-t-il, critiquant également les différentes restrictions imposées.

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