C’est la dernière offensive lancée pour restreindre nos libertés. Celle qui, après l’interdiction des voyages non-essentiels, agite la toile: toute une batterie d’experts – et de syndicats – veut limiter les activités des jeunes. C’est un fait, les activités extrascolaires doivent être restreintes et on envisage même de fermer les écoles dans certaines parties du pays. En Belgique francophone, cette situation est jugée sur un ton empreint de pitié, car les politiques y estiment qu’un assouplissement des règles pour les plus jeunes est primordial. Et cette impression a été largement véhiculée dans les médias. Preuve en est, ce titre du quotidien Le Soir d’aujourd’hui:‘Les Flamands paniquent, les francophones restent stoïques’,
Dans l’actualité: Aujourd’hui, une nouvelle réunion de concertation dédiée à la jeunesse devrait avoir lieu entre les gouvernements des entités fédérées.
Les détails: Hier, une consultation a déjà eu lieu, mais rien n’a été décidé.
Toutes les écoles secondaires fermeront leurs portes pendant une semaine pour les congés de Carnaval. En Flandre, ces congés sont précédés par une semaine de ‘refroidissement’, le but étant d’organiser un enseignement à distance pendant une semaine suite à de nombreuses infections au coronavirus.
En Belgique francophone, aucune mesure de ce type n’a – pour l’instant – été actée. Les élèves continuent de se rendre tous les jours à l’école.
Il s’agit d’une constante observée depuis des mois. Le débat public, mené par les médias, se veut complètement différent de l’autre côté de la frontière linguistique. Il n’y a pas de culture des ‘BV’ (bekende Vlamingen), d’élévation de certaines voix au rang de véritables ‘stars des médias’: il n’y a pas de groupe d’ ‘experts’ récurrents dans les studios de télévision, tous les soirs, ou à la une des journaux. En Flandre, ce même groupe alourdit le débat.
Une situation dont les politiques francophones ont conscience. Mais cette asymétrie génère une certaine lassitude, car cela rend leurs homologues flamands plus nerveux et plus enclins à suivre leurs partisans les plus fermes. À plusieurs reprises, les politiques francophones ont dû ‘calmer le jeu’. Le MR n’en pense pas moins: pour eux, il s’agit de trouver des partenaires de l’autre côté de la frontière linguistique, qui adopteront la même ligne de conduite que la leur.
Le Soir est assez limpide à ce sujet: ‘Coronavirus : les flamands paniquent, les francophones restent stoïques’, titre le journal dans une analayse. ‘Le Nord veut intervenir en limitant les contacts parmi les plus jeunes. Mais le Sud estime que les chiffres actuels ne justifient pas de nouvelles restrictions’. Plusieurs francophones soulignent que seulement six écoles sur 2.500 sont touchées par les infections.
Hier, tous les ministres de l’Éducation, des Sports et de la Jeunesse des entités fédérées se sont parlés par visioconférence afin de savoir s’il était nécessaire de prendre des mesures supplémentaires. Du côté flamand, un renforcement des mesures était prévu, mais en fin de compte, les ministres se sont séparés sans trouver d’accord.
Aujourd’hui, une autre réunion de concertation doit avoir lieu. Les experts continuent d’insister sur l’interdiction des loisirs en salle. Ils recommandent que les activités en plein air s’opèrent par bulle de 8, voire de 10 enfants. Si les parties venaient à s’entendre sur des mesures communes, les entraînements de football, par exemple, devraient être supprimés.
Alors que les Flamands continuent d’insister pour que les mesures soient renforcées, les Wallons souhaiteraient assouplir les règles, afin que les jeunes âgés entre 12 à 18 ans aient également le droit de pratiquer des sports de plein air. La ministre compétente, Valérie Glatigny (MR), a déjà discuté de cette question avec les autorités concernées.
Frank Pauwels, médecin du sport et président de Gezond Sporten Vlaanderen, et Tom Teulingkx, président de l’association des médecins du sport et des examens, suggèrent que si les activités sportives en salle sont interdites, les sports de plein air devraient être autorisés jusqu’à des groupes de 10 personnes, et cela pour les jeunes âgés jusqu’à 18 ans. Mais les chances que de telles mesures soient effectives en Flandre sont minimes.
Un décret ministériel
Dès demain, le gouvernement fédéral interdira les voyages touristiques à l’étranger. Cette mesure a été annoncée vendredi dernier suite au Comité de concertation. Aujourd’hui le décret ministériel qui réglemente cette mesure, devrait être prêt.
Mais ce n’est pas si évident: la Commission européenne surveille tout cela de très près. Elle n’apprécie pas vraiment l’initiative de la Belgique, qui a fait le choix de fermer ses frontières. Elle estime que cette mesure va à l’encontre les principes de l’Union européenne sur la libre circulation des personnes.
Cela s’est clairement fait ressentir hier lors de la conférence de presse donnée par la Commission, ou une volonté de ‘meilleure coordination’ a été exprimée. Ylva Johansson, responsable des Affaires intérieures, et Didier Reynders (MR), responsable de la Justice, ont tous les deux pris la Belgique à partie.
Didier Reynders a rappelé qu’en octobre dernier, l’UE avait déjà décidé de maintenir ses frontières ouvertes et de limiter les restrictions. Son amendement encourage fortement les touristes à rester chez eux, mais ne formule pas d’interdiction ferme. L’UE ne va donc pas aussi loin que le gouvernement belge.
‘J’ai été en contact avec le Premier ministre belge à ce sujet’, a déclaré Didier Reynders ce matin sur Radio 1. Il a réitéré qu’une telle restriction devait suivre les règles européennes : elle doit être ‘temporaire, nécessaire et très proportionnelle’. ‘Mais le décret ministériel sera temporaire et contiendra de nombreuses exceptions’, a également déclaré Didier Reynders.
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