Dans une combinaison de huit classements internationaux, la Belgique n’arrive qu’en 20e position, pire que tous nos voisins et loin derrière les pays de tête. La Belgique doit et peut faire mieux. Cela doit se faire principalement par des réformes structurelles. Plusieurs partis politiques ont exprimé leur ambition dans ce domaine ces derniers jours. Espérons que, cette fois-ci, il ne s’agira pas de paroles en l’air, mais d’actions concrètes.
Ces derniers jours, les différents partis gouvernementaux ont multiplié les plaidoyers en faveur de réformes structurelles. Par exemple, le CD&V a présenté 15 propositions pour réformer en profondeur le marché du travail, tandis que le premier ministre Alexander De Croo veut un paquet de réformes pour le marché du travail, les pensions et la fiscalité d’ici mars. Le timing de ce remarquable enthousiasme pour la réforme est pour le moins suspect. Juste après la débâcle budgétaire et un sondage désastreux pour certains partis au pouvoir (et à l’approche d’une très longue campagne électorale), il est plutôt facile de se lancer maintenant dans des promesses de véritables réformes. De plus, il semble peu probable que le PS veuille coopérer. Néanmoins, s’il y a ne serait-ce qu’une once de sérieux derrière ces promesses, il vaut mieux tard que jamais. Après tout, la Belgique devrait être capable de faire beaucoup mieux qu’aujourd’hui.

Pas un pays de premier plan
Il est peu judicieux d’évaluer un pays sur la base d’un seul indicateur. Pour se faire une idée précise, il est préférable d’examiner les comparaisons internationales qui prennent en compte toute une série d’indicateurs. Dans ces analyses, la Belgique apparaît rarement comme un pays de premier plan. Dans une combinaison de huit classements internationaux sur l’économie/la compétitivité, l’innovation/la numérisation, le bien-être/le bonheur et l’environnement/le climat, la Belgique n’est que 20e. Notre pays fait donc clairement moins bien que tous ses voisins, et reste loin derrière les pays en tête, notamment les pays scandinaves, la Suisse et les Pays-Bas. Si l’on ajoute à cette comparaison des indications sur la situation financière, la Belgique est encore plus mal lotie. Selon le FMI, nous serons bientôt confrontés au deuxième plus grand déficit budgétaire de tous les pays industriels classiques (derrière les États-Unis). Et selon l’OCDE, nous pouvons nous attendre à une croissance potentielle d’à peine 0,8 %, l’une des plus faibles parmi les pays industrialisés et trop faible pour maintenir notre État-providence actuel. Tout ce que nous voulons réaliser à l’avenir devra être financé principalement par la croissance économique. Et une croissance de 0,8 % est probablement trop faible pour cela.

Les leçons des autres pays
La combinaison de ces comparaisons internationales et des défis qui nous attendent aboutit à une conclusion claire : les choses doivent et peuvent s’améliorer pour la Belgique. Continuer à se concentrer sur la gestion de la crise au jour le jour (et sur les prochaines élections) compromet notre prospérité future. L’idée selon laquelle il ne faut jamais gaspiller une bonne crise a été largement ignorée ces dernières années. Dans l’ensemble, les « réformes » allaient plutôt dans la mauvaise direction, avec notamment des finances publiques structurellement plus faibles et une facture du vieillissement plus lourde. La manière de garantir et de renforcer cette prospérité future passe par des réformes structurelles du marché du travail, de la fiscalité, de la réglementation, des pensions, etc. Et nos responsables politiques n’ont pas besoin de chercher des propositions spectaculairement originales pour cela, ils peuvent simplement s’inspirer de la Scandinavie, de la Suisse et des Pays-Bas. Ce qui peut être fait là-bas, devrait également être possible ici.
Bart Van Craeynest est économiste en chef chez Voka et auteur du livre « Back to the facts ».
RVW