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La BCE fait marche arrière : une forte hausse des taux en vue, malgré le ralentissement de l’économie

La BCE fait marche arrière : une forte hausse des taux en vue, malgré le ralentissement de l’économie
Christine Lagarde – ECB

La question n’est pas de savoir si la Banque centrale européenne va relever ses taux d’intérêt jeudi prochain, mais si elle le fera de 50, 75 ou même 100 points de base. Quoi qu’il en soit, il s’agira d’une forte hausse des taux, au moment même où tous les indicateurs laissent présager une récession imminente dans la zone euro.

La hausse des taux d’intérêt est nécessaire pour maîtriser enfin l’inflation croissante. La banque centrale ne peut rien faire contre les prix astronomiques de l’énergie, mais elle espère réduire les « effets secondaires », notamment la spirale des prix des salaires, en augmentant les taux d’intérêt.

L’affaiblissement constant de l’euro est une autre raison de relever les taux d’intérêt : sans taux européens plus élevés, la domination du dollar américain ne fera que s’intensifier.

Changement d’orientation

Ces derniers jours, plusieurs chefs de la BCE ont fait allusion à une hausse des taux de 75 points de base, ce qui serait d’une audace sans précédent pour Francfort, bien qu’il existe également une résistance interne à cette idée. En juillet, la banque centrale avait déjà surpris en relevant les taux d’intérêt de 50 points au lieu des 25 attendus.

Il s’agissait d’un changement de cap spectaculaire : Mme Lagarde avait soutenu pendant des mois que l’inflation ne serait que temporaire ou « transitoire » et la BCE prêchait le gradualisme et la prévisibilité. Aujourd’hui, Francfort change son fusil d’épaule : de plus grands sauts de taux d’intérêt qui sont aussi moins prévisibles.

La BCE ne s’en tient pas nécessairement aux directives dont elle alimente les marchés financiers à l’avance. Il semble également que les banquiers centraux se débarrassent de leurs modèles économiques internes défaillants, qui ne cessent de sous-estimer l’inflation future.

Après la « sous-réaction », maintenant la sur-réaction ?

La grande question : le timing n’est-il pas mal choisi ? Selon plusieurs économistes, la BCE fait preuve de l’audace dont elle aurait dû faire preuve plus tôt cette année, lorsqu’il était encore possible de relever les taux d’intérêt sans ralentir complètement l’économie. Alors que la banque centrale a longtemps « sous-réagi », elle risque désormais de surréagir et de plonger la zone euro dans une profonde récession, critiquent-ils.

Selon ses statuts, l’objectif principal de la BCE est de « maintenir la stabilité des prix » dans la zone euro. Cela n’a certainement pas été le cas au cours des derniers mois. Pour la présidente de la BCE, Christine Lagarde, le scénario du pire se profile : elle n’a guère d’autre choix que de freiner, même si le train économique s’arrête.

(JM)

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