L’industrie chinoise de la voiture électrique laisse la concurrence occidentale au loin dans le rétroviseur

La course à l’électrisation du plus grand marché automobile est-elle déjà perdue pour l’Europe et les USA, d’un point de vue strictement économique ? C’est ce que les chiffres des ventes laissent entendre en Chine. Tesla est la seule firme étrangère à tirer son épingle du jeu – pour l’instant.

Dans l’actualité : Le salon de l’automobile de Shanghai ouvre ses portes ce mardi, véritable vitrine pour tous les modèles qui arrivent sur le plus grand marché du monde pour le secteur. Ce sont en particulier les nouveaux modèles électriques qui attireront tous les regards, et cette année, ce sont majoritairement des marques chinoises.

Le thermique s’effondre, Tesla s’accroche

  • Les ventes de voitures particulières en Chine ont baissé de 13 % au premier trimestre, mais l’électrification du secteur se fait à marche forcée. Celles-ci représentent désormais 22% des ventes, et les ventes de modèles thermiques baissent dans des proportions équivalentes. Seuls les modèles d’entrée de gamme représentent dorénavant un marché intéressant pour les constructeurs de voitures à énergie fossile.
  • Les marques chinoises sont aujourd’hui en tête des ventes, et elles proposent de nouveaux modèles électriques qui gagnent du terrain, dans le pays comme à l’étranger.
  • Les ventes de BYD, le leader du marché en Chine, ont par exemple augmenté de près de 69 % cette année, ce qui lui confère une part de 11 % du marché automobile global. C’est plus que ce que représente un vétéran européen du marché tel que Volkswagen fait remarquer l’agence Reuters.
  • Les ventes et les parts de marché des constructeurs historiques européens ou américains s’effondrent, tout comme Toyota ou encore Nissan. Seul Tesla arrive à encore tirer son épingle du jeu en Chine, malgré quelques remous. Ses ventes chinoises ont augmenté de 27 % au premier trimestre 2023. « Gagner de nouvelles parts sur le marché clé de la Chine sera le cœur et le poumon de l’histoire de la croissance de Tesla », estimait Daniel Ives, analyste chez Wedbush, dans une note publiée ce lundi.

Vers une guerre des prix ou une guerre du luxe ?

À noter : si Tesla fait de bonnes ventes, c’est aussi parce que l’entreprise d’Elon Musk a cassé ses prix pour les stimuler. La firme a baissé ses prix en Chine de 6 à 14% en janvier dernier, selon les modèles. Les prix de départ pratiqués en Chine sont ainsi inférieurs de 7.500 à 10.700 dollars aux prix américains actuels, qui ont également été réduits.

  • Cette guerre des prix de Tesla a été suivie par 40 marques chinoises, mais tous ne suivront pas. Nio, par exemple, maintiendra ses prix à un niveau élevé plutôt que de les réduire, a ainsi déclaré son PDG William Li auprès de CNBC.
  • Il faut dire que là où BYD vise la quantité, Nio se positionne comme un constructeur de véhicules haut de gamme, déjà plus chers que leurs équivalents chez Tesla.
  • Li a déclaré que son entreprise se concentrera sur l’amélioration de ses services à la clientèle, en installant des bornes de recharge ultra rapide, des stands de changement des batteries, mais aussi en proposant un service – payant – d’aide à la navigation. Ce système de conduite assistée, appelé Navigate on Pilot (NOP) coutera 56 dollars par mois, et aidera les conducteurs à se garer ou à changer de voie sur l’autoroute. Des arguments d’automatisation qui auraient dû être ceux de Tesla, mais la firme américaine n’obtient plus que des déboires avec son autopilote.

Des voitures chinoises à la conquête du monde

Le marché chinois est devenu incontournable, mais les firmes du pays ne comptent pas s’y restreindre. Les exportations de l’ensemble de l’industrie chinoise ont augmenté de 83 % au cours du dernier trimestre par rapport à l’année précédente, et BYD, là encore leader du marché, a multiplié par 13 ses exportations vers l’Europe et l’Asie du Sud-est.

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