Un géant pétrolier émirati qui vise le zéro carbone prévoit en réalité de dépenser un milliard par mois dans les combustibles fossiles

Un géant pétrolier émirati qui vise le zéro carbone prévoit en réalité de dépenser un milliard par mois dans les combustibles fossiles
Sultan Al Jaber, directeur général de la Compagnie nationale de pétrole d’Abou Dhabi (ADNOC) des Émirats arabes unis et président de la COP28 sur le climat de cette année. (Photo by FRANCOIS WALSCHAERTS/AFP via Getty Images)

Faites ce que je dis, pas ce que je fais : alors que le groupe énergétique Adnoc avait annoncé accélérer sa transition vers la neutralité carbone, voilà qu’une étude indique qu’il prévoit en fait de faire tout le contraire. Le géant pétrolier est dans l’embarras.

Pourquoi est-ce important ?

Pour limiter au maximum le réchauffement de la planète et les phénomènes météorologiques extrêmes qui se multiplient, il est impératif que tout le monde participe à l'effort climatique. Y compris et surtout les plus grands pollueurs de ce monde. Si elle est avérée, l'attitude d'Adnoc, huitième plus grand producteur de pétrole au monde, dépasse largement l'hypocrisie, alors que le CEO de l'entreprise préside la prochaine COP28 sur le climat...

Dans l’actu : La société pétrolière nationale d’Abou Dhabi aux Émirats arabes unis, Adnoc, prévoit de dépenser 1,14 milliard de dollars par mois jusqu’en 2030 pour produire du pétrole et du gaz, selon une étude de l’ONG Global Witness dévoilée par CNBC.

  • Si on fait le calcul dès ce mois de septembre jusqu’à la fin de la décennie, cela représente un total de 86,6 milliards de dollars dépensés jusqu’au 31 décembre 2029.
  • 2030, c’est aussi la deadline fixée par l’ONU pour diminuer de 45 % les émissions mondiales de CO2, afin d’éviter un scénario climatique catastrophique.
  • Si on pousse le vice encore plus loin, Adnoc dépensera près de 387 milliards de dollars d’ici à 2050 pour produire du pétrole et du gaz. Or, c’est l’année où l’ONU appelle à atteindre la neutralité carbone pour l’économie mondiale, afin de limiter le réchauffement climatique.
  • Des données de Rystad Energy avaient auparavant montré qu’Adnoc prévoit de produire l’équivalent de plus de 28 milliards de barils de pétrole d’ici à 2050. Cela équivaut à plus de 11 milliards de tonnes de CO2, soit presque autant que les émissions annuelles de la Chine.

Adnoc nie en bloc

Le contexte : Cette étude contredit une récente déclaration d’Adnoc qui entend atteindre la neutralité carbone dans ses opérations d’ici à 2045, cinq ans plus tôt que prévu.

  • L’entreprise avait indiqué fin juillet qu’elle augmenterait l’utilisation d’énergie renouvelable dans sa production de pétrole et de gaz et dépenserait 15 milliards de dollars à des initiatives de décarbonation d’ici à 2030.
  • Cela équivaut pratiquement à sept fois moins que les dépenses prévues au cours de la même période pour la production de pétrole et de gaz, selon Global Witness. Le pétrole et le gaz qui sont, rappelons-le, des combustibles fossiles, la principale cause des émissions de CO2 et du réchauffement climatique. La logique d’Adnoc nous échappe donc.
  • Ça fait d’autant plus tache que Sultan Al Jaber, CEO de la société pétrolière nationale d’Abou Dhabi est le président de la COP28 sur le climat de cette année. Il a affirmé plus tôt cette année que la principale priorité du sommet COP28 sera de limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5 degré.
  • Comme on pourrait s’y attendre, l’entreprise bat en brèche et réfute les conclusions de Global Witness, soutenant que les présomptions qui sous-tendent l’analyse sont erronées.

« L’analyse et les hypothèses formulées concernant le programme d’investissement en capital d’Adnoc au-delà du plan commercial actuel de cinq ans de l’entreprise (2023 à 2027) sont spéculatives et donc incorrectes. »

Un porte-parole d’Adnoc dans un e-mail envoyé à CNBC
Plus d'articles Premium
Plus