Un premier F-16 de l’US Air Force commandé par une intelligence artificielle

Un avion de chasse sans pilote, capable de repérer des cibles et d’affronter des appareils ennemis tout seul, sans assistance humaine même lointaine ? L’idée n’a rien d’incongru, et les premiers tests semblent concluants.

Pourquoi est-ce important ?

L'interface humanité-machine : un thème fondateur aux œuvres du genre cyberpunk qui devient de plus en plus une véritable actualité. Y compris dans le domaine militaire, où les capacités de calcul et d'analyse rapide des intelligences artificielles pourraient bien faire concurrence aux pilotes.

Dans l’actualité : l’US Air Force et la DARPA, le service de recherche et développement du ministère américain de la Défense, s’intéressent beaucoup aux possibilités de pilotage à distance pour des avions de chasse. Mais l’armée américaine expérimente aussi sur l’autonomie totale, y compris en combat aérien : l’US Air Force a annoncé dans un communiqué publié le 13 février qu’elle avait fait voler un F-16 spécial avec une IA pour seul pilote à bord.

Pas de pilote dans le cockpit

  • L’expérience n’a pas été tentée sur n’importe quel avion, mais sur le -62A (Variable Stability In-Flight Simulator Test Aircraft, ou VISTA), un F-16 d’entrainement modifié pour, habituellement, simuler les performances en vol d’autres avions de chasse.
  • Les systèmes d’intelligence artificielle Autonomous Air Combat Operations et Air Combat Evolution ont pris les commandes à 12 reprises lors d’une série d’expériences en décembre dernier, durant lesquelles les IA ont effectué des manœuvres complexes, y compris des simulations de combat aérien.
  • « L’équipe du X-62A VISTA a prouvé avec cette campagne d’essai qu’elle était capable d’effectuer des missions d’essai d’IA complexes qui accélèrent le développement et l’essai des capacités d’autonomie pour le ministère de la Défense », estime le Dr Malcolm Cotting, directeur de la recherche de l’école de pilotes d’essai de l’armée de l’air américaine.
  • Les chercheurs de la Défense américaine se sont concentrés sur les capacités d’apprentissage du système, tout en confrontant les algorithmes à des changements rapides de paradigmes. L’avion d’essai a ainsi mené tant des engagements lointains contre des cibles au-delà de la portée visuelle que de véritables « dogfights » contre des nuées d’appareils ennemis incarnés, eux aussi, par une IA, avec des passages rapides d’une intelligence artificielle à l’autre entre les exercices, selon la nature de l’engagement. Passer d’une mission d’attaque à longue distance à une interception aérienne semble pouvoir se faire en quelques minutes avant l’envol.

Du simple drone au chasseur autonome ?

L’enjeu : des engins volants sans pilote, ça n’est pas une nouveauté. Mais les drones restent de simples vecteurs pilotés à distance et en général cantonnés à des missions de renseignement, ou de bombardement. La Défense américaine souhaite bel et bien « droniser » des avions de chasse, et la Chine semble travailler sur le même genre de concept. Mais un avion piloté par une IA, c’est une tout autre affaire.

  • Le combat aérien est une matière complexe, où la prise de décision ultrarapide est capitale quand on s’échange missiles et obus à des vitesses supersoniques. Former un pilote d’avion de chasse est long, coûte cher, et tous les êtres humains n’en sont pas capables.
  • En août 2020, dans le cadre de son programme Air Combat Evolution, la DARPA a fait s’affronter amicalement un pilote de F-16 et un algorithme d’intelligence artificielle, en cinq manches. C’est ce dernier qui a gagné, même si certains observateurs font remarquer que l’expérience n’était pas concluante, le pilote humain n’ayant pas combattu dans les meilleures conditions, nuance Opex360.
Plus