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L’Europe fait un nouveau pas vers une législation sur l’IA, mais sera-t-elle prête à temps ?

L’Europe fait un nouveau pas vers une législation sur l’IA, mais sera-t-elle prête à temps ?
Getty Images

Les commissions compétentes du Parlement européen se sont prononcées en faveur de la première loi au monde sur l’intelligence artificielle, connue sous le nom d’AI Act. Un pas de plus vers la réglementation, mais le moulin législatif tourne-t-il assez vite pour suivre la croissance exponentielle de phénomènes tels que le ChatGPT ?

Dans l’actu : Au Parlement européen, les commissions IMCO (marché intérieur et protection des consommateurs) et LIBE (droits civils) ont donné leur feu vert sur un projet de loi sur l’IA. Ce projet fait suite à des négociations sur un texte consensuel.

La situation dans son ensemble : La Commission européenne a lancé un premier projet à la fin de l’année dernière. Ce vote est une étape vers l’approbation finale par l’ensemble du Parlement européen et, finalement, par les États membres.

« ChatGPT est la partie visible de l’iceberg »

Les enjeux : « Le lancement de ChatGPT a placé l’IA au premier plan de l’agenda politique et des appels à la réglementation de l’IA se font entendre dans le monde entier », explique Ursula Pachl, directrice adjointe du BEUC, une organisation de défense des consommateurs.

« L’UE sera la première juridiction au monde à réglementer légalement ces technologies et elle ne peut pas se permettre de se tromper. Les consommateurs commencent à peine à comprendre comment ces systèmes affecteront leur vie quotidienne. ChatGPT n’est que la partie émergée de l’iceberg. »

Ce qui pourrait changer : L’intervention la plus fondamentale sera que les régulateurs européens exigeront des entreprises d’IA qu’elles rendent transparent, sur demande, le fonctionnement de leurs algorithmes : quelles données servent de base, quels critères utilisent-ils et comment les mécanismes d’auto-apprentissage sont-ils construits ? Les entreprises qui ne font pas preuve de transparence s’exposent à des amendes.

C’est important, par exemple, si la sélection des candidats à un poste vacant ou l’octroi d’un prêt immobilier ou d’une assurance devaient être fondés sur l’IA. La réglementation doit empêcher que certains préjugés ne jouent un rôle dans les décisions automatisées, que ce soit de manière consciente ou inconsciente.

Reconnaissance faciale

Autre question épineuse : il semble y avoir un consensus sur le fait que la reconnaissance faciale dans les espaces publics est trop intrusive. Mais qu’en est-il des systèmes dans les environnements privés, par exemple les scanners d’IA dans les magasins pour identifier les consommateurs ? Il semble que le dernier mot n’ait pas encore été dit à ce sujet.

La grande question : la réglementation arrivera-t-elle encore à temps ? L’approbation par la commission parlementaire est une étape importante, mais ce n’est qu’un des obstacles à la mise en place d’une réglementation européenne définitive. Certains experts estiment que les textes sont déjà dépassés.

« Nous sommes alarmés par la vitesse à laquelle ChatGPT et d’autres systèmes similaires sont mis en place et déployés, ainsi que par le manque de protection des consommateurs qui en découle, alors que la loi sur l’IA ne sera pas adoptée avant plusieurs années », a également déclaré le BEUC, un groupe de consommateurs.

(SR)

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