Les inquiétudes concernant l’approvisionnement en gaz de l’Europe poussent l’euro à la baisse. La monnaie unique européenne vaut actuellement moins de 1 dollar. La banque américaine JPMorgan prévoit que le taux de l’euro tombera à 0,95 dollar d’ici la fin de l’année.
Les investisseurs ont dû faire face à de nombreuses mauvaises nouvelles lundi matin. Tout d’abord, l’approvisionnement en gaz de l’Europe suscite des inquiétudes après que l’entreprise publique russe Gazprom a annoncé vendredi de nouveaux travaux de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Elles auront lieu à la fin de ce mois et dureront trois jours. Résultat : le prix du gaz est à un niveau record. Le TTF-future néerlandais (contrats à terme pour septembre), prix de référence du gaz naturel en Europe, a même franchi la barre des 290 euros par mégawattheure.
L’euro s’effondre
L’inflation britannique inquiète également les investisseurs. Selon le prestataire de services financiers Citi, elle atteindra le chiffre vertigineux de 18,6% cette année. À titre de comparaison, le taux d’inflation britannique était de 10,1% le mois dernier, contre 8,9% dans la zone euro. Dans son analyse, Citi désigne comme responsable la hausse des prix de l’énergie.
Toutes ces incertitudes font baisser l’euro, qui est en baisse depuis plusieurs mois. Le taux de change de l’euro est même passé (à l’heure où nous écrivons ces lignes) sous la barre symbolique de 1 dollar. Vous obtenez actuellement 0,9997 dollar pour 1 euro.
Ce n’est pas la première fois cette année que l’euro tombe en dessous de la parité avec le dollar. C’était également le cas en juillet. Cela faisait vingt ans que cela ne s’était pas produit.
La banque américaine JPMorgan s’attend déjà à ce que l’euro tombe à 0,95 dollar d’ici la fin de l’année. Nomura pense également que la monnaie européenne perdra de sa valeur dans les mois à venir. Selon la maison de courtage, les gouvernements de la zone euro vont commencer à répercuter la hausse des coûts énergétiques sur les consommateurs.
« En outre, les entreprises réduiront discrètement leur production », a-t-il ajouté. « Il est également possible que le marché commence à prendre en compte un atterrissage en douceur aux États-Unis. Les chiffres du PMI (l’indice des directeurs des achats) de cette semaine pourraient révéler si l’activité aux États-Unis s’accélère. Si tel est le cas, cela pourrait également exercer une pression sur l’euro. »
Hausse des taux d’intérêt américains
Dans tous les cas, l’euro n’aura guère de répit cette semaine. Elle sera notamment marquée par le discours du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, ce vendredi au forum économique de Jackson Hole. Ses commentaires sur les perspectives économiques devraient réaffirmer la détermination de la banque centrale américaine à continuer de relever les taux d’intérêt pour juguler une inflation élevée.
Chaque mot prononcé par Powell sera sans aucun doute pesé dans la balance. Un signal indiquant qu’une forte hausse des taux d’intérêt (75 points de base ou plus) est imminente fera grimper le dollar. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus il est lucratif d’investir dans la dette américaine. L’inflation plus faible que prévu aux États-Unis a en effet permis de quelque peu diminuer la nécessité d’une hausse substantielle des taux d’intérêt. L’inflation a été « limitée » à 8,5 pour cent (annualisé). Les économistes avaient avancé un taux de 8,7%. Lors de la dernière réunion sur les taux d’intérêt, Powell a également laissé entendre que les hausses de taux seraient retardées.
Dans notre partie du monde, l’attention se porte cette semaine sur le procès-verbal de la dernière réunion européenne sur les taux d’intérêt. Il sera publié jeudi. « Le procès-verbal pourrait fournir un indice permettant de savoir si les investisseurs doivent se préparer à une nouvelle hausse de 50 points de base des taux d’intérêt en septembre. Compte tenu de la pression inflationniste globale, une forte augmentation est notre scénario de base », a déclaré Maeva Cousin, économiste chez Bloomberg. Christine Lagarde, présidente de la BCE, ne sera pas présente à Jackson Hole, mais l’institution sera représentée par Isabel Schnabel, qui s’est déjà exprimée en faveur d’une forte hausse.
(CP)