Washington et Tokyo concluent un partenariat win-win pour faciliter leur accès aux minéraux essentiels utilisés dans les batteries de véhicules électriques et se distancent ainsi de leur dépendance chinoise.
Les États-Unis et le Japon unissent leur force dans la course aux batteries pour éclipser la Chine
Pourquoi est-ce important ?
La course aux batteries électriques bat son plein parmi les plus grandes puissances mondiales, et à raison : il s'agit ni plus ni moins d'assurer l'avenir de son industrie automobile nationale, tout en améliorant l'efficacité énergétique des batteries et en favorisant l'innovation technologique.L’actu : mardi, les États-Unis et le Japon ont publié une déclaration commune annonçant un accord commercial concernant les minéraux utilisés dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques.
- Il s’agit notamment du lithium, du nickel, du cobalt, du graphite et du manganèse, tous essentiels aux batteries.
- Ces minéraux rares deviennent de plus en plus importants dans les technologies d’énergie propre.
- L’importance de cet accord réside dans sa capacité à renforcer les chaînes d’approvisionnement en batteries pour les deux pays.
- Ce faisant, cet accord interdit aux deux pays de mettre en place des droits d’exportations bilatéraux pour ces minéraux, a déclaré le représentant américain au commerce (USTR).
- Washington et Tokyo réexamineront cet accord tous les deux ans.
Entre les lignes : Les États-Unis et le Japon espèrent ainsi réduire leur dépendance à la Chine pour l’accès à ces minéraux.
- Le renforcement de la chaîne d’approvisionnement en minéraux critiques « favorise la sécurité et la stabilité économiques en garantissant que les États-Unis, leurs alliés et leurs partenaires ne dépendent pas d’autres pays pour l’approvisionnement en minéraux critiques », a déclaré à Euractiv un haut fonctionnaire de l’administration américaine sous le couvert de l’anonymat.
- Avec une belle pique adressée à Pékin : cet accord vise à lutter contre les « politiques et pratiques non commerciales » d’autres pays dans le secteur.
- Dans ce cadre, il prévoit des examens des investissements étrangers dans les chaînes d’approvisionnement américaines et japonaises en minerais essentiels.
Une marque de confiance
Il y a plus : C’est aussi une façon pour Joe Biden de montrer patte blanche auprès de ses alliés en leur donnant accès aux crédits d’impôt de 7500 dollars prévus par l’IRA, qui inquiètent vivement l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud.
- Ces derniers craignent une fuite de leurs constructeurs automobiles et producteurs de batteries aux États-Unis.
- Des craintes justifiées : le fabricant suédois de batteries Northvolt, fournisseur notamment de Volkswagen et BWM, a récemment annoncé l’ouverture prochaine d’une usine aux États-Unis.
- En parallèle, Tesla abandonne ses projets d’assemblage de batteries en Allemagne et prévoit de réaliser ces étapes aux États-Unis.
- De son côté, Ford prévoit de licencier environ 11% de son effectif en Europe dans son virage à l’électrique. Une décision qui pourrait également être motivée par l’IRA.
Le détail : La moitié du crédit accordé aux acheteurs est réservée aux véhicules et aux batteries assemblés en Amérique du Nord, comme le prévoient les conditions de l’IRA pour bénéficier de ces réductions.
- L’autre moitié du crédit est soumise à la condition qu’au moins 40% de la valeur des minéraux critiques contenus dans la batterie aient été extraits ou traités aux États-Unis ou dans un pays signataire d’un accord de libre-échange avec les États-Unis.
- Ce chiffre devrait passer à 80% en 2027 et la règle aurait exclu l’Union européenne et le Japon, ce qui a suscité l’inquiétude des deux parties.
- Mais ce mois-ci, Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé l’ouverture de négociations sur un accord relatif aux minéraux critiques afin de permettre aux ressources extraites ou traitées dans l’Union européenne de bénéficier de subventions au titre de l’IRA.
À suivre : plusieurs zones d’ombres restent à définir de part et d’autre. On ignore par exemple encore si les batteries, composants et véhicules en provenance du Japon pourront bénéficier de cette partie du crédit d’impôt : cette décision revient au Trésor américain, qui devrait statuer d’ici à la fin de la semaine, selon CNBC.