La force d’attraction des subsides verts américains fonctionne : Northvolt va ouvrir une usine aux Etats-Unis, Tesla lève le pied en Allemagne

Le fabricant de batteries Northvolt, fournisseur de notamment Volkswagen et BWM, va bientôt annoncer les plans concrets de l’ouverture d’une usine aux États-Unis. Les subsides verts décidés par Biden l’année dernière ont « boosté la décision en mode turbo ». Dans le même temps, Tesla annonce renoncer à ses plans d’assemblage de batteries de A à Z en Allemagne, et va faire ces étapes aux États-Unis. Ce sont aussi les subsides qui l’ont attiré.

Pourquoi est-ce important ?

Le grand exode ? De nombreux politiciens européens craignent que ces subsides, réservés au made in America, détournent les investissements du Vieux continent et que les entreprises lèvent le camp pour aller s'installer aux États-Unis.

Dans l’actu : les plans de Northvolt, fabricant de batteries suédois, d’ouvrir une usine aux États-Unis.

  • Des plans plus détaillés sur cette expansion suivront « avant l’été », explique le CEO Peter Carlsson à CNBC ce mardi.
  • En octobre, il avait indiqué qu’il « prioriserait » une expansion aux États-Unis, et confirme ainsi que le projet est en bonne voie.
    • Avant cela, c’était surtout l’idée d’une nouvelle usine en Allemagne qui était sur la table. Mais ce dossier traine.
    • Notrhvolt compte une usine en Suède et une deuxième en Pologne.

« Décision boostée en mode turbo par les subsides américains »

L’essentiel : l’attrait de l’Inflation Reduction Act.

  • C’est clairement la grosse enveloppe promise par Joe Biden à l’industrie verte qui attire Northvolt de l’autre côté de l’océan. « Avec l’IRA, ce projet d’implantation d’une usine en Amérique du Nord a été boosté en mode turbo, grâce à de très fortes incitations », avoue le CEO. Il ajoute que l’attractivité du plan réside dans sa simplicité.
  • Les États-Unis ont voté cet Inflation Reduction Act en août de l’année dernière. Il comprend des subsides, sous forme de crédits d’impôts pour les acheteurs, entre autres, de 369 milliards de dollars. Ils ne sont éligibles que si les batteries, véhicules électriques ou autres produits labellisés comme verts ont été produits aux États-Unis, avec des matières premières en grande partie américaines.

Pas le seul : Tesla délaisse l’Allemagne pour les États-Unis, pour les mêmes raisons.

  • C’est aussi la production de batteries qui est concernée. Tesla avait comme objectif de construire des batteries de A à Z dans son usine près de Berlin, mais ce plan est maintenant mis en suspens, annonce le ministère de l’Économie du Brandenbourg ce mardi, relayé par Reuters.
  • « L’entreprise a donné la priorité à de nouvelles étapes de production aux États-Unis, car les incitations fiscales y rendent les conditions commerciales plus favorables », annonce le ministère.
    • Il n’y a donc qu’une partie du processus de production des batteries qui a lieu en Allemagne.
  • Tesla a également annoncé un investissement de 3,6 milliards de dollars, fin janvier, pour la construction d’une nouvelle usine à batteries dans le Nevada, aux Etats-Unis. Elle devrait être « la plus grande du monde ».

Le grand exode ?

Le débat : ces subsides américains vont-ils provoquer un grand exode des entreprises européennes vers les Etats-Unis, voire un grand désinvestissement d’entreprises étrangères en Europe ?

  • C’est en tout cas ce que craignent de nombreux politiciens en Europe. Ils sont montés au créneau pour dénoncer ces subsides, jugés déloyaux et anticoncurrentiels.
  • Pour Northvolt en tout cas, on ne peut pas vraiment parler d’exode et de désinvestissement. Le Suédois n’annule pas ses plans d’expansion en Allemagne. Mais ils semblent retardés : la société réfléchit toujours à des questions d’efficacité et de coûts à long terme avec les parties prenantes.
    • Il y a un an, lors de l’annonce de cette volonté d’expansion, la date estimée pour le début de la production était fin 2025.
    • Contrairement aux États-Unis, aucune date n’est avancée concernant la présentation de plans d’investissements concrets, même si le projet allemand avait été annoncé bien avant.
  • Une étude du Think Tank français CEPII, parue mardi, est d’ailleurs venue relativiser ces craintes d’exode. Les subsides européens seraient en réalité déjà plus élevés que ceux des États-Unis. Les conditions strictes de l’origine des matières premières pour être éligible pourraient aussi limiter l’efficacité de ce plan, car elles ne seraient, à terme, que difficilement respectables. Le marché du travail tendu que connaissent déjà aujourd’hui les Etats-Unis pourrait aussi être un obstacle, notamment pour trouver tous les bras nécessaires à toutes ces nouvelles usines potentielles.
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