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L’affront ultime : l’Espagne ira-t-elle jusqu’à offrir à la Catalogne le statut de nation pour sortir du chaos politique ?

L’affront ultime : l’Espagne ira-t-elle jusqu’à offrir à la Catalogne le statut de nation pour sortir du chaos politique ?
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. (PIERRE-PHILIPPE MARCOU/AFP via Getty Images)

Les indépendantistes catalans rajoutent de nouvelles conditions pour assurer au Premier ministre intérimaire leur soutien politique. Jusqu’où est prêt à aller Pedro Sanchez ? Cet acharnement pourrait bien causer sa perte.

Pourquoi est-ce important ?

La Belgique n'est pas la seule terre européenne compliquée en matière de politique intérieure - et à connaître des revendications indépendantistes acharnées. Trois mois après que les Espagnols se sont rendus aux urnes, ils n'ont toujours pas de gouvernement officiel. La faute à, d'un côté, l'extrême droite qui fait chuter les partis traditionnels, et, de l'autre, aux indépendantistes un peu trop revêches.

Dans l’actu : L’indépendantiste catalan exilé Carles Puigdemont demande à ce que la « nation catalane » soit reconnue en échange de son soutien au Premier ministre Pedro Sanchez.

  • Cette nouvelle demande arrive comme un cheveu sur la soupe. Puigdemont réclame depuis des semaines l’amnistie des catalans emprisonnés pour leur tentative de sécession de 2017. Mais entre gracier quelques politiciens et reconnaître la nation catalane, il y a un monde.
  • En pratique, cela irait contre la Constitution, qui évoque « l’unité indissoluble de la Nation espagnole ».

Zoom arrière : Un bel imbroglio politique.

  • L’Espagne est dans l’impasse politique depuis les élections générales fin juillet.
  • La droite (PP) a raflé le plus de voix, mais devait compter sur une coalition avec l’extrême droite (Vox), qui est tombée à l’eau.
  • La gauche (PSOE) et l’extrême gauche (Sumar), toutes deux au pouvoir, ont le plus de chances de former un gouvernement.
  • Mais ils doivent absolument convaincre plusieurs partis indépendantistes de leur donner leur voix. Y compris le parti catalan de Puidgemont (Junts). On peut donc dire que l’un des hommes les plus détestés d’Espagne détient les clés pour débloquer le chaos politique du pays : il est le faiseur de roi.

Les Catalans séparatistes contre le reste de l’Espagne

Zoom avant : Une levée de boucliers contre la demande de Puigdemont.

  • La droite s’oppose à ce qu’une « nation catalane » soit reconnue.
    • Le message du président du PP : « La Catalogne est une ‘nationalité historique’ (comme la Galice ou le Pays Basque, ndlr.), ce qui a été convenu en 1978 et, de plus, la Constitution a reçu l’un de ses plus grands soutiens dans cette communauté », a-t-il argumenté. « Cela semblera insuffisant pour les nationalistes et excessif pour ceux qui ont une conception plus centraliste, mais c’est l’accord que nous avons conclu et je ne pense pas qu’il y ait une autre dénomination qui suscite plus de consensus. »
    • La droite n’est pas non plus fan de l’amnistie : « Ce n’est pas une réconciliation, c’est une transaction politique. La personne amnistiée a dit qu’elle allait recommencer, et cela n’a pas sa place dans le système juridique. »
    • Et de traiter la gauche de girouette face aux demandes des séparatistes. « C’est un terreau pour la désaffection politique« , juge le leader du PP.
  • Sans surprise, l’extrême droite nationaliste rejette aussi en bloc ce potentiel accord entre socialistes et catalans.
    • Selon Vox, cela « confirme que Sanchez n’est pas seulement une marionnette de l’indépendantisme, mais qu’il a adopté comme sien le programme des putschistes« .

À suivre : L’horloge tourne pour Sanchez. Il ne lui reste plus qu’un mois pour trouver un accord avec les Catalans. Faute de quoi l’Espagne se redirigera vers une répétition des élections générales.

  • Dans le premier cas, les socialistes pourraient signer leur arrêt de mort pour les prochaines élections. La reconnaissance d’une nation catalane susciterait sans aucun doute l’ire des Espagnols nationalistes.
  • Dans le cas de répétition électorale, difficile d’imaginer les socialistes bénéficier d’autant de soutien après toutes ces compromissions avec les séparatistes. La droite pourrait alors récupérer ses voix pour former un gouvernement sans l’appui de l’extrême droite. Affaire à suivre…
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