L’espace, un terrain fructueux pour les sociétés pharmaceutiques ?

L’espace offre plusieurs avantages par rapport à la Terre. L’absence de gravité est l’un d’entre eux. Un facteur qui intéresse tout particulièrement les sociétés pharmaceutiques pour développer et produire des médicaments lucratifs.

L’essentiel : des expériences au sein de la Station spatiale internationale (ISS) ont montré que la microgravité qu’il y règne était un atout majeur pour l’élaboration de dispositifs médicaux.

Zoom arrière : la startup LambdaVision souhaite mettre au point la première rétine artificielle au monde à base de protéines. Un projet qui nécessite le dépôt de 200 fines couches de protéines sensible à la lumière dans un maillage en polymère. Pour que la rétine remplisse son rôle correctement, les couches de protéines doivent être parfaitement uniformes, ce qui est très difficile sur Terre.

  • La société s’est tournée en 2018 vers l’ISS pour tenter de pallier le problème, en raison de la microgravité qu’il y règne.
  • Au cours des 8 expériences réalisées là-haut, la qualité de la production s’est considérablement améliorée.
  • Dans l’espace, « vous obtenez des couches uniformes » de protéines avec moins de déchets, a expliqué Nicole Wagner, directrice générale de LambdaVision, à Bloomberg.

« L’objectif est d’être l’un des premiers produits fabriqués dans l’espace et pouvant être utilisés ici sur Terre. »

À noter : complexes et capricieuses, les protéines sont extrêmement difficiles à produire sous leur forme cristalline. Dans l’espace, avec une gravité moindre, la convection des fluides diminue, de sorte que les molécules se déplacent plus lentement. À cela, on peut ajouter un contrôle minutieux de la température pour tenter de les dompter avec précision.

  • Dans un tel environnement, le cristallin présente moins de défauts, mais aussi une taille et une uniformité des cristaux améliorées, selon un porte-parole d’Eli Lilly & Co.
  • Mais plus encore, selon une étude de 2022 de l’Université Butler (Indianapolis), 90 % des différents types de cristaux produits dans l’espace possédaient une ou plusieurs propriétés améliorées, dont certaines très recherchées par les entreprises pharmaceutiques.

Un engouement certain, avec des limites

Bien que plusieurs expériences soient en cours, aucun médicament inventé ou produit dans l’espace n’est commercialisé sur Terre. Mais le sujet suscite l’intérêt, notamment depuis que Merck & Co. a montré en 2019 que la microgravité l’avait aidé à améliorer la formule de l’un de ses médicaments phares.

  • Cela a conduit à penser que l’espace pourrait aider à formuler des versions plus lucratives des médicaments déjà populaires.
  • Entretemps, Merck & Co. est parvenu à reproduire le processus de fabrication sur Terre.
  • Et c’est une bonne chose puisque, finalement, produire à grande échelle des médicaments dans l’espace relève de l’impossible pour le moment.

En réalité, l’espace pourrait servir, comme c’est le cas aujourd’hui, de laboratoire pour améliorer les médicaments actuels – ou en élaborer de nouveaux –, mais leur producteur serait fait sur Terre, dans un environnement reproduisant les conditions spatiales.

Date limite

Reste que si les sociétés pharmaceutiques veulent exploiter cette manière de faire, elles devront se presser. Rappelons en effet que la date de mise à retraite de l’ISS est prévue pour 2030. Et bien qu’il y ait des chances que sa mission soit prolongée, ça ne fera pas ad vitam aeternam. Quant à son remplacement, cela devrait prendre des années, voire des décennies.

Autrement dit, il y a de quoi douter que le marché des médicaments spatiaux se développe. Autant reproduire l’environnement spatial sur Terre. Cela permettra d’ailleurs une production à grande échelle.

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