Les banques sont sous le feu des critiques, car les taux d’épargne restent bas malgré les hausses continues des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE). Néanmoins, peu d’épargnants cherchent des alternatives plus lucratives. Les institutions financières n’ont donc pas beaucoup de raisons de modifier leurs taux d’épargne.
Les épargnants sont-ils en partie responsables de la faiblesse des taux d’épargne ?

Pourquoi est-ce important ?
Plusieurs partis gouvernementaux ont récemment critiqué les faibles taux d'épargne accordés par les banques. De son côté, la fédération bancaire Febelfin rappelle que les revenus des banques ont été mis sous pression au cours de la dernière décennie en raison de la politique de baisse des taux d'intérêt de la BCE.Le contexte : à ce jour, plus de la moitié des livrets d’épargne belges rapportent moins de 1 %. Dans un billet publié sur son site, la fédération bancaire Febelfin cite plusieurs raisons expliquant la faiblesse des taux d’épargne.
- Febelfin fait notamment référence à la politique de taux d’intérêt réduits menée par la BCE au cours de la dernière décennie. Les banques ont longtemps dû payer un taux d’intérêt (-0,5 %) sur les dépôts qu’elles plaçaient auprès des banques centrales, alors qu’elles devaient elles-mêmes payer une commission minimale de 0,11 % à leurs épargnants. Aujourd’hui, le taux dit de dépôt est de 3,25 %.
- Les banques ont encore dans leurs bilans un grand nombre de prêts immobiliers bon marché datant de cette période. Ces prêts ont une échéance moyenne de 20 ans. Les prêteurs n’en tirent pas beaucoup de bénéfices : « Les emprunteurs qui ont opté pour un taux d’intérêt fixe pourront donc bénéficier de taux d’intérêt bas pendant 20 ans », rappelle Febelfin.
Mais malgré ces faibles taux d’épargne, les épargnants belges sont extrêmement fidèles à leurs banques, ce qui rend inutile pour celles-ci, du moins les plus traditionnelles, d’attirer de nouveaux épargnants (ou de satisfaire les clients existants) avec des taux d’épargne plus élevés.
- Le service spécialisé dans le changement de banque Bankswitching n’a reçu que 93.167 demandes de changement de banque l’année dernière. Depuis 2020, il est également possible d’utiliser ce service pour échanger son compte d’épargne contre un autre. En 2022, 22.028 clients ont choisi de changer de banque en clôturant leur compte d’épargne.
Les chiffres de la Banque Nationale de Belgique (BNB) montrent que les comptes d’épargne réglementés représentaient 299,88 milliards d’euros en mars, soit à peine moins qu’en février, où le montant total de l’épargne s’élevait à 300,26 milliards d’euros. Il s’agit donc d’une baisse modeste d’environ 380 millions d’euros en l’espace d’un mois.
Le moment est-il venu de changer d’orientation ?
Il est peut-être temps que les épargnants agissent. C’est également le message de Christine Lagarde, la présidente de la BCE. « C’est aux clients eux-mêmes, donc aussi individuellement, de déterminer la relation avec la banque en termes de taux d’intérêt sur les comptes d’épargne », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à l’émission néerlandaise Buitenhof. « Ceux qui n’ont pas l’impression d’être rémunérés de manière équitable peuvent passer à la concurrence. »
- La plupart des économies des Belges sont placées auprès des quatre grandes banques (BNP Paribas Fortis, KBC, ING et Belfius). Mais ces acteurs n’offrent qu’une commission de 0,25 à 1 %.
- Certains comptes chez ces grandes banques rapportent plus d’argent, mais sont assortis de conditions. Prenons l’exemple de Tempo Sparen d’ING. Les épargnants qui utilisent cette formule reçoivent 1,4 %, mais ne peuvent mettre de côté que 500 euros par mois au maximum. Il n’est donc pas possible de transférer d’un seul coup tout son capital d’épargne sur ce compte.
- Les comptes d’épargne les plus lucratifs se trouvent chez les petits acteurs. La banque Internet NIBC Direct, par exemple, a récemment augmenté le taux d’intérêt de l’un de ses comptes d’épargne à 2 %.
- C’est la deuxième banque de notre pays à proposer un taux d’intérêt aussi élevé. Au début de l’année, la Santander Consumer Bank a porté à 2 % le taux d’intérêt de son compte d’épargne Vision Max mais ce taux ne s’applique qu’aux personnes qui épargnent entre 125.000 et 200.000 euros. Dans tous les autres cas, le taux d’épargne tombe à 1,25 %.
- Ceux qui recherchent des alternatives sûres au livret d’épargne peuvent ouvrir un compte à terme ou souscrire aux obligations d’État que le gouvernement vient de lancer.
- Les frais sont un peu plus élevés pour ces produits de placement à revenu fixe, mais vous devez généralement immobiliser votre capital pendant plusieurs années. Les nouvelles obligations d’État, par exemple, ont des durées de trois et dix ans.
MB