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Le patron du géant allemand BASF adore les éoliennes chinoises : « De meilleure qualité et plus rentables »

Le patron du géant allemand BASF adore les éoliennes chinoises : « De meilleure qualité et plus rentables »
Selon Martin Brudermüller (BASF), les éoliennes chinoises ont déjà supplanté les européennes. Britta Pedersen/picture alliance via Getty Images, Carla Gottgens/Bloomberg via Getty Images)

Depuis plusieurs mois, différents acteurs du monde de l’éolien tirent la sonnette d’alarme. Les éoliennes chinoises seraient en passe de surpasser les européennes. Le patron de BASF confirme. Mais contrairement à ce que certains responsables européens avancent, ce ne serait pas lié à du dumping.

Pourquoi est-ce important ?

Les fabricants européens d'éoliennes font face à de sérieuses difficultés. En plus de l'inflation, des taux élevés et des nœuds sur la chaîne d'approvisionnement, ils doivent se coltiner une concurrence chinoise de plus en plus féroce. L'UE a récemment lancé un plan pour les sauver.

Dans l’actu : l’éloge de la Chine du patron de BASF.

  • Martin Brudermüller vante les éoliennes chinoises. Selon lui, elles ont déjà surpassé les européennes.

Les détails : qu’a-t-il dit ?

  • Dans des propos rapportés par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, le CEO de BASF a déclaré préférer les éoliennes chinoises aux éoliennes européennes.
  • « Les Chinois sont meilleurs que nous techniquement et ils sont également plus rentables que nous », a affirmé Brudermüller.
  • Il est même allé plus loin. Selon lui, la technologie européenne de conception d’éoliennes appartient déjà au passé. « Il existe un débat politique sur le fait que l’énergie éolienne n’est pas la prochaine technologie (européenne) à disparaître. J’aurais tendance à dire qu’elle a déjà disparu », a-t-il asséné.
  • Selon lui, la suprématie qu’est en train d’acquérir la Chine dans l’industrie éolienne n’est même pas liée à du dumping. « Regardez bien ce qui se passe sur place », a-t-il expliqué. « Ils sont tout simplement devenus bons avec leurs produits ».
  • Enfin, Brudermüller estime que l’UE n’a aucun intérêt à tenter de dresser une barrière contre les fabricants chinois. « Pour une nation exportatrice comme l’Allemagne, c’est dangereux, très dangereux », a-t-il mis en garde.

BASF, le plus grand groupe chimique au monde, est aussi constructeur de parcs éoliens censés soutenir la production chimique sur ses sites à travers l’Europe. L’entreprise est aussi l’un des plus grands investisseurs allemands en Chine. Brudermüller est un fervent défenseur du maintien des bonnes relations (commerciales) entre les deux pays.

Les éoliennes chinoises sont moins chères, mais sont-elles de meilleure qualité ?

Contexte : aligné sur TotalEnergies, moins sur les fabricants et la Commission.

  • Avec ces propos, le patron de BASF ne se fera pas que des amis chez les fabricants européens, à la peine. C’est pourtant auprès de l’un d’eux que son entreprise a acheté les éoliennes de son dernier parc offshore, au large des côtes néerlandaises : Siemens Gamesa, filiale espagnole du géant allemand Siemens Energy.
  • On peut rapprocher les affirmations de Brudermüller à celles du patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné. Il a récemment indiqué que les éoliennes chinoises étaient environ 35% moins chères que les européennes.
    • Selon lui, les mesures lancées récemment par la Commission européennes risquent d’être sans effet. À moins qu’ils ne soient réellement contraints à s’adapter, les développeurs (comme TotalEnergies) continueront d’acheter des produits chinois pour leurs parcs éoliens européens tant qu’ils resteront moins chers.
    • L’UE serait face à un dilemme : protéger les consommateurs en acceptant l’arrivée des éoliennes chinoises (plus rentables) ou sauver les emplois en soutenant davantage les fabricants locaux.
  • On trouve aussi un point commun entre le discours de Brudermüller et celui de WindEurope, le lobby des fabricants européens. À savoir que les éoliennes chinoises sont en train de gagner la bataille. En revanche, WindEurope estime que les fabricants chinois disposent de subventions trop généreuses. Et que leur victoire se fait au détriment de la qualité… et de la sécurité.
    • Dans un communiqué, WindEurope, s’est d’ailleurs dit « très surpris » par la sortie du patron de BASF. Rappelant tout le savoir-faire de l’industrie européenne, le lobby souligne que « d’autres développeurs de parcs éoliens en Europe sont satisfaits des éoliennes européennes qu’ils ont installées et aimeraient pouvoir continuer à s’approvisionner en éoliennes européennes. »
    • WindEurope se dit également très satisfait du plan mis en place par l’UE pour soutenir les fabricants européens : les mesures sont « excellentes » et « changeront la donne ».

À Bruxelles, on semble en effet être plus sensible aux arguments des fabricants (qu’il faut sauver) que des développeurs (qui décideront s’ils les sauvent ou non). Dans le plan présenté le mois dernier, on retrouve une allusion (timide, pour l’instant) à du dumping chinois et à d’éventuelles mesures pour le contrer. Mais aussi une nouvelle conception des enchères : elles donnent plus de poids au facteur « qualité ». Ce qui est censé être une corde supplémentaire à l’arc des éoliennes européennes. Reste à convaincre les développeurs de la même chose. Ce qui ne semble donc pas du tout gagné.

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