En Inde, les riches s’enrichissent, les pauvres voient leur pouvoir d’achat diminuer


Principaux renseignements

  • Un milliard d’Indiens n’ont pas de revenu disponible, ce qui laisse une classe de consommateurs forte de 130 à 140 millions de personnes.
  • La population aisée de l’Inde s’enrichit tandis que son nombre reste relativement stable.
  • L’inégalité structurelle à long terme fait que les 10 pour cent d’Indiens les plus riches contrôlent 57,7 pour cent du revenu national, contre 34 pour cent en 1990.

Selon un nouveau rapport de la société de capital-risque Blume Ventures, un milliard d’Indiens n’ont pas de revenu disponible pour leurs dépenses discrétionnaires. L’Inde dispose donc d’une classe de consommateurs de la taille de celle du Mexique, soit 130 à 140 millions de personnes, ce qui représente un marché potentiel pour les startups et les entreprises.

Si 300 millions d’Indiens supplémentaires sont considérés comme des consommateurs « émergents » ou « aspirants », ils restent des consommateurs hésitants qui commencent à peine à utiliser les méthodes de paiement numérique pour leurs transactions. Il est à noter que la classe des consommateurs indiens n’est pas en train de s’étendre, mais plutôt de s’approfondir, ce qui signifie que la population riche s’enrichit alors que son nombre reste relativement stable.

Tendances et défis

Ce paysage économique façonne le marché de la consommation du pays. On assiste à une montée en puissance de la « premiumisation », c’est-à-dire que les marques se concentrent sur des produits coûteux et améliorés destinés à une clientèle aisée, au lieu de proposer des offres de masse. Cette tendance est évidente dans l’essor des ventes de logements de luxe et de smartphones haut de gamme, qui contrastent avec les difficultés rencontrées par leurs homologues moins chers.

Les logements abordables ne représentent plus que 18 pour cent du marché, contre 40 pour cent il y a cinq ans, et les produits de marque gagnent du terrain. L' »économie de l’expérience » est également en plein essor, les billets onéreux pour les concerts internationaux se vendant rapidement.

Inégalités structurelles à long terme

Ces résultats renforcent l’idée que la reprise post-pandémique en Inde a pris la forme d’un K, les riches devenant plus riches tandis que les pauvres voient leur pouvoir d’achat diminuer. Cette tendance est antérieure à la pandémie et reflète une inégalité structurelle à long terme, où les 10 pour cent d’Indiens les plus riches contrôlent 57,7 pour cent du revenu national, contre 34 pour cent en 1990.

La moitié inférieure a vu sa part chuter de 22,2 pour cent à 15 pour cent.

Récente baisse de la consommation et défis à venir

L’effondrement récent de la consommation est attribué non seulement à une diminution du pouvoir d’achat, mais aussi à une forte baisse de l’épargne financière et à une augmentation de l’endettement parmi les masses. La répression par la banque centrale des prêts faciles non garantis, qui ont alimenté la demande après la pandémie de Covid, ne fait qu’exacerber cette situation.

Si des facteurs à court terme, tels que l’augmentation de la demande rurale due à des récoltes record et un allégement fiscal de 12 milliards de dollars, peuvent donner un modeste coup de pouce à la consommation et à la croissance du PIB, les défis à long terme persistent. La classe moyenne indienne, moteur essentiel de la demande de consommation, est confrontée à la stagnation des salaires en dépit de l’inflation.

Cette pression financière a érodé l’épargne de la classe moyenne, conduisant à un niveau d’épargne financière nette le plus bas depuis 50 ans, selon la Banque de réserve de l’Inde.

Déplacement de la main-d’œuvre

En outre, les emplois urbains en col blanc se raréfient à mesure que l’intelligence artificielle automatise les tâches routinières. La récente étude économique du gouvernement met en évidence ces préoccupations, en soulignant que le déplacement de la main-d’œuvre dû aux avancées technologiques représente un risque important pour une économie axée sur les services comme l’Inde, où les secteurs à faible valeur ajoutée sont les plus vulnérables aux perturbations.

Le potentiel de baisse de la consommation résultant du déplacement de la main-d’œuvre pourrait avoir de graves conséquences macroéconomiques et faire dérailler la trajectoire de croissance économique de l’Inde.

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