L’électrique, moteur de l’aviation du futur ? Dans les écoles de pilotes, la transition est déjà bien en cours

Pour se passer des carburants fossiles, le secteur de l’aviation mise beaucoup sur les avions électriques. Certaines écoles de pilotes européennes ont déjà passé le cap et entraînent leurs pilotes avec des avions pourvus de batteries.

L’aviation essuie bon nombre de critiques pour son impact environnemental. Le kérosène est en effet un carburant fossile et polluant. Certains réfléchissent donc à des solutions pour rendre les avions moins polluants, comme des avions électriques ou à hydrogène.

Et ce qui pouvait encore paraître comme une folie il y a quelques années devient de plus en plus une réalité. Dans les écoles de pilotes, l’avion électrique fait petit à petit son chemin. Un engin électrique est actuellement homologué pour l’apprentissage, en Europe et au Royaume-Uni : le Velis Electro, du fabricant slovène Pipistrel (faisant partie du groupe américain Textron), rapporte CNN Business.

Vols courts

Il s’agit bien entendu d’une petite machine. Avec ses deux places, le Velis peut voler jusqu’à 4.000 mètres d’altitude, et atteindre une vitesse de pointe de 180 km/h. Ses deux batteries ont (ensemble) une autonomie de cinquante minutes (soit bien moins qu’un avion à moteur thermique de même taille, qui peut rester en l’air pendant 4 à 6 heures) et mettent deux heures à charger. L’engin coûte 175.000 euros et la société en a vendu 100 depuis sa commercialisation, il y a deux ans, entre autres à l’armée de l’air danoise (pour entraîner ses pilotes, également).

Un des avantages de l’avion se situe au niveau du bruit. Par rapport aux moteurs thermiques, l’électrique est particulièrement silencieux. Il ne dépasserait pas les 60 décibels, soit le volume d’une conversation normale. Pour le technicien en chef de Pipistrel, Tine Tomažič, ce facteur permettrait de facilement s’installer sur des aéroports ou aérodromes plus petits, qui se trouvent plus proches des zones habitées.

Moins cher

Un autre avantage est que l’avion est moins cher à recharger. L’école suédoise The Green Academy a par exemple acheté trois Velis Electro. Les pilotes doivent passer au moins 30% de leur apprentissage dans ces avions. L’école voit une « différence importante » dans les frais, explique-t-elle à CNN. Pour un vol de 40 minutes, elle dépense entre deux et trois euros pour charger l’avion électrique, alors qu’un même vol avec un moteur thermique lui coûte 45 euros en kérosène.

Les batteries doivent cependant être remplacées après 2.000 heures de vol, soit après 2.500 à 3.000 vols. Les deux coûtent, ensemble, 20.000 euros. Si l’on fait le calcul avec les chiffres de la Green Aacademy, ce prix est largement couvert avec les économies faites sur le carburant (on gagnerait toujours plus de 100.000 euros sur le temps de vie de la batterie).

« Les coûts opérationnels à long terme doivent encore être vérifiés », ajoute l’école. Mais elle s’attend à pouvoir baisser, à terme, les coûts des permis (14.500 euros actuellement), si elle utilise de plus en plus l’électrique.

Gros business à en devenir ?

Pour l’instant, l’autonomie, autant pour les écoles (des vols plus longs, d’au moins deux heures, sont nécessaires pour obtenir le permis), que pour l’utilisation commerciale ou privée, peut être une barrière pour une adoption plus large. Mais ce n’est que le début. Avec le développement de la technologie, l’autonomie va s’améliorer, comme c’est le cas avec les voitures électriques. L’intérêt est là, en tout cas.

Pour 2030, le marché des avions électriques pourrait quadrupler, pour atteindre une valeur de 40 milliards de dollars. Si d’aucuns désignent l’électrique comme le sauveur de l’aviation, les avions à batterie ont cependant encore beaucoup de chemin à faire pour pouvoir véritablement remplacer les engins de la taille du Boeing 747 ou de l’Airbus A380.

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