Preuve d’une Chine qui cale : les ventes s’effondrent pour ce symbole de la croissance du pays

L’économie chinoise n’est pas au bout de ses peines alors que le gouvernement du pays maintient une stricte politique « zéro covid » et n’hésite pas à reconfiner des villes entières. Cela ralentit inévitablement la production dans les usines comme le rythme des livraisons, et c’est le florissant secteur de la téléphonie intelligente qui est le prochain à risquer un gros contrecoup.

Ce mercredi seulement, la mégapole de Shanghai a enregistré 20.000 nouveaux cas de coronavirus, malgré les mesures drastiques prises par le gouvernement. La ville de 26 millions d’habitants est confinée tandis que les usines tournent en circuit fermé. Pour maintenir autant d’activité que possible tout en se pliant aux mesures de sécurité, les ouvriers dorment dans des hôtels voisins réquisitionnés, dans des dortoirs préfabriqués, voire dans des sacs de couchage. Quant au port de cette ville qui contribue à environ 3,8 % du PIB du pays, il tourne au ralenti et les retards de livraison s’accumulent.

Cette nouvelle flambée épidémique dans un centre économique majeur risque d’avoir de grosses conséquences sur le secteur des smartphones : les experts interrogés par CNBC estiment que le marché va voir ses ventes annuelles s’effondrer dans les prochains mois, de 12 voire de 20% en glissement annuel.

Facteur Covid et faible demande

Les ventes pourraient reprendre en juin en raison d’importantes soldes prévues dans le pays, et si la vague de Covid s’estompe. Les ventes de smartphones en Chine pourraient donc baisser d’un total de 3 à 4 % sur l’année, selon Neil Shah, analyse chez Counterpoint Research. Mais si le virus continue de faire des ravages, alors la chute annuelle pourrait bien atteindre les 12% prévient-il.

« On s’attend à ce que l’impact provienne principalement de la faiblesse de la demande et du sentiment des consommateurs causés par l’épidémie de Covid et le ralentissement de la dynamique économique », a déclaré Will Wong, directeur de recherche chez IDC. « Les perturbations de l’approvisionnement seront un facteur moins perturbant, car les bulles des usines et l’expérience du gouvernement dans l’endiguement de l’épidémie pourraient contribuer à atténuer l’impact. »

Apple au-dessus de la mêlée

Tous les fabricants ne sont toutefois pas égaux devant cette situation, ou presque. Ce sont avant tous les firmes chinoises dont les engins tournent sous Android qui vont en pâtir. Depuis l’effondrement de la position dominante de Huawei, quelques firmes, dont Xiaomi, Oppo, et Vivo, se disputent un marché qui n’est pas en extension. « Le segment Android en Chine reste un marché brutal, avec une demi-douzaine de marques (comme Xiaomi) qui se battent férocement sur les prix pour obtenir une part d’un gâteau Android de plus en plus petit », confirme Mawston de Strategy Analytics.

Mais Apple se porte étonnamment bien. La pomme américaine pourrait enregistrer une baisse d’environ 4 à 5 % de ses livraisons au deuxième trimestre, mais cette baisse est en partie saisonnière, l’effet des sorties de nouveaux produits se dissipant. Apple a sorti ses produits les plus récents vers la fin de l’année dernière.

Une économie chinoise qui s’essouffle

Apple continue de profiter du déclin de Huawei dans le segment haut de gamme du marché, selon Shah et Wong. L’activité de Huawei dans le domaine des smartphones a été paralysée en raison des sanctions américaines qui empêchent le géant de la technologie d’obtenir des composants clés tels que des puces de pointe. Wong a déclaré qu’Apple pourrait en fait connaître une croissance positive au deuxième trimestre « dans le contexte du déclin de Huawei et de l’absence de concurrents haut de gamme solides. »

Shanghai et l’industrie des smartphones ne sont que les symptômes les plus visibles du soudain essoufflement de l’économie chinoise. L’objectif d’une croissance du PIB de 5,5 %, fixé par Pékin en début du mois, est menacé, et l’activité manufacturière en Chine est tombée en mars à son niveau le plus bas depuis deux ans, selon l’indice PMI établi par Caixin. Selon des chercheurs de l’université chinoise de Hong Kong, les mesures de quarantaine en Chine coûtent au moins 46 milliards de dollars par mois, soit 3,1 % du PIB. L’impact pourrait doubler si davantage de villes renforçaient les restrictions. Des restrictions durables dans tout le pays pourraient faire baisser la croissance à 4 % cette année, selon UBS.

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