Même si les prix de l’énergie baissent, nous serons encore confrontés à une inflation relativement élevée pendant un certain temps, prévient Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique. Les « effets de second tour » en sont la cause, explique-t-il à Business AM Radio.
« Attention à l’inflation du second tour »

Pourquoi est-ce important ?
En 2022, l'inflation s'est établie à 9,59% en moyenne en Belgique, un niveau jamais atteint depuis les crises pétrolières des années 1970. Les consommateurs et les entreprises aspirent à une plus grande stabilité des prix. Mais le génie est sorti de la lampe.La cause : ce ne sont pas les prix de l’énergie, mais les effets dérivés des hausses de prix précédentes qui alimentent actuellement l’inflation.
- « On constate, par exemple, que les prix des denrées alimentaires sont un déterminant très important de l’inflation », explique Vanden Houte. « Cela a beaucoup à voir avec l’Ukraine, parce que les denrées alimentaires de base ont considérablement augmenté en raison de la guerre, mais d’autre part, vous voyez aussi que l’industrie alimentaire est très sensible aux prix de l’énergie et a également commencé à augmenter les prix à cause de cela. »
- « Le premier tour a été l’effet immédiat de la hausse des prix de l’énergie. Nous sommes maintenant confrontés aux effets de second tour. Regardez l’inflation de base, celle qui exclut l’énergie et les aliments non transformés. Ce chiffre est passé à 7,3% en décembre. Ainsi, même si l’on fait abstraction de l’histoire de l’énergie, on se retrouve avec une inflation supérieure à 7%. Tout le reste commence également à monter en prix. »
La conséquence : Vanden Houte ne s’attend pas à un retour rapide aux faibles niveaux d’inflation du passé (inférieurs à 2%), mais heureusement déjà à une baisse par rapport au pic d’inflation de l’année dernière.
- « L’inflation sera de toute façon beaucoup plus faible qu’en 2022, car les prix de l’énergie se stabilisent et contribuent donc moins à l’inflation. Les entreprises seront également moins en mesure d’augmenter les prix, en raison d’une croissance plus faible et d’une demande en baisse. L’inflation sera donc certainement plus faible cette année. »
- « Mais je pense que nous serons encore autour de 3 à 4% d’ici la fin de l’année. C’est beaucoup moins qu’aujourd’hui, mais encore assez élevé si on le compare à la dernière décennie. »
A surveiller : En raison du système typiquement belge d’indexation automatique des salaires, les coûts salariaux devraient augmenter sensiblement en 2023. Cela met les entreprises dans une position difficile. S’ils répercutent l’augmentation de leurs coûts sur leurs prix finaux, leurs clients risquent de les abandonner. De nombreuses entreprises maintiendront peut-être leurs prix actuels ou ne les augmenteront que légèrement. Et à Vanden Houte d’ajouter : « Mais alors, vous obtenez une contraction des marges et une baisse des bénéfices. »
(CP)