Le renversement de l’économie américaine par la Chine en tant que première puissance économique mondiale est annoncé depuis des années. Pourtant, les prédictions ne se sont jusqu’à présent jamais réalisées. Et étant donné la situation économique actuelle de la Chine, la menace semble minime.
« L’économie chinoise va éclipser celle des États-Unis » : une prédiction cyclique qui tient désormais plus de la chimère

Pourquoi est-ce important ?
Après avoir été longtemps à la traine, la Chine a mis les bouchées doubles dans les années 90 pour développer son économie jusqu’à connaitre un véritable boom de croissance économique. Un dévouement annoncé par certains analystes comme une menace potentielle sérieuse pour la première puissance mondiale, les États-Unis.Zoom arrière : en 1997, les économistes du Fonds monétaire international faisaient état d’une croissance si rapide de l’économie chinoise qu’elle pourrait dépasser celle des États-Unis d’ici 2017. Une prédiction qui, comme vous le savez, ne s’est pas réalisée, rappelle Yahoo Finance.
- En 2010, Goldman Sachs faisait une prédiction similaire pour 2030, en raison de la croissance fulgurante de l’économie du pays et de sa population de plus d’un milliard de personnes, facteur qui semblait garantir que la Chine deviendrait le plus grand marché du monde.
- La fenêtre de dépassement avait été avancée suite à la crise financière mondiale de 2007-2009 qui avait réduit l’écart entre la Chine et les États-Unis. Au début des années 2000, la banque d’investissement penchait plutôt pour un dépassement à l’aube des années 2040.
- Les analystes du média The Economist partageaient eux aussi cette idée, mais annonçaient le triomphe économique de la Chine sur les États-Unis pour 2019.
- Là encore, la prédiction s’est révélée incorrecte. Et même s’il reste du temps à Pékin pour donner raison à Goldman Sachs, les faits suggèrent déjà que cela n’aboutira pas.
L’actualité : « Il est peu probable que l’économie chinoise dépasse celle des États-Unis au cours des dix ou vingt prochaines années », a déclaré Desmond Lachman, chercheur principal à l’American Enterprise Institute, à Reuters.
La Chine n’est toujours pas un pays riche
Malgré une croissance fulgurante au cours des 25 dernières années, l’Empire du Milieu n’est toujours pas considéré comme un pays riche, et ce, bien qu’il soit parvenu à prendre une place centrale dans l’économie mondiale. Pire, la pandémie pourrait bien avoir anéanti toute chance pour que la Chine n’atteigne le statut de superpuissance économique.
- L’économie chinoise ne s’est toujours pas remise des années Covid-19, et ce, même si les mesures particulièrement strictes du gouvernement chinois ont été levées il y a plusieurs mois.
- La relance annoncée – et espérée – ne s’est pas réalisée, de sorte qu’aujourd’hui, le pays est en déflation. Et les mesures prises par le gouvernement chinois ne sont pas à la hauteur pour l’instant pour renverser la vapeur, décevant par la même occasion les investisseurs.
- Mais en raison du rôle central de la Chine à l’échelle du globe, les économistes s’inquiètent que sa chute entraine d’autres pans de l’économie mondiale.
La Chine, le Japon d’il y a trente ans
L’économiste Paul Krugman a comparé la Chine au Japon du début des années 1990, lorsque la croissance effrénée du pays s’est brutalement arrêtée, mettant fin aux inquiétudes d’une domination mondiale par un pays asiatique. Mais contrairement à l’Empire du Milieu, le Japon est devenu un pays riche, à savoir un pays où la majorité de la population accède à tous ses besoins vitaux (nourriture, logement décent, eau potable, santé et éducation) via l’économie de marché.
Plusieurs facteurs, structurels et cycliques, sont responsables de la dépression de l’économie chinoise :
- La Chine fait face à une population en déclin, conséquence de sa politique de l’enfant unique.
- De sorte qu’elle n’est plus le pays le plus peuplé au monde. Ce titre revient désormais à l’Inde.
- D’ailleurs, ce pays se positionne de plus en plus comme une alternative à Pékin.
- L’Empire du Milieu est confronté à son « moment Lehman Brothers » avec l’effondrement immobilier, alors que le pays s’est pendant longtemps appuyé sur des projets immobiliers alimentés par l’endettement pour alimenter sa croissance.
- À côté de cela, le taux de chômage chez les jeunes de 16 à 24 ans ne cesse de croitre. Il est aujourd’hui de 21 %, même le chiffre réel pourrait être encore plus important.
- La Chine a récemment décidé de ne plus partager ce chiffre, aveu d’une situation toujours plus préoccupante.
Un impact mondial
Malgré ses problèmes économiques, la Chine reste le premier producteur au monde, ce qui lui confère un certain pouvoir à l’échelle du globe. Une situation que certains veulent changer pour devenir moins dépendants du pays, car le risque de contamination de problème économique est réel, en plus des troubles politiques que cette dépendance implique.
- La pandémie a fait prendre conscience à beaucoup de pays de leur dépendance envers la Chine et des problèmes que cela implique.
- Avec le pays à l’arrêt, ce sont plusieurs industries mondiales qui ont rencontré des difficultés et trouver une solution n’a pu se faire en un claquement de doigts.
À côté de cela, l’économie américaine, bien que plombée par l’inflation, est parvenue à se relever après la pandémie de coronavirus. Dynamique et résiliente, elle profite également de la désolidarisation énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie en devenant l’un de ses principaux fournisseurs de GNL et profite également de l’important plan de relance de l’administration Biden.