On sait enfin pourquoi des astronautes ont failli boire la tasse dans leur scaphandre

Depuis mai, les pensionnaires de l’ISS étaient privés de sortie. La cause : le risque de noyade dans l’espace. Mais on sait maintenant pourquoi de l’eau apparaissait dans les casques, et le problème est réglé, selon la NASA.

  • En mai dernier, la NASA décrétait le « No Go » pour toute nouvelle sortie extravéhiculaire depuis l’ISS. L’agence américaine réagissait ainsi à une série d’incidents qui auraient très bien pu dégénérer.
  • En mars, Raja Chari, astronaute de la NASA, et Matthias Maurer, son collègue de l’Agence spatiale européenne, achevaient une sortie de près de sept heures hors de l’ISS quand ce dernier a fait état d’une présence d’eau anormale dans son scaphandre. C’était d’autant plus inquiétant qu’il y avait un précédent : en 2013, l’astronaute Luca Parmitano a aussi eu la mauvaise surprise de voir de l’eau s’infiltrer dans son casque alors qu’il venait d’entamer une sortie, dans des quantités suffisantes pour lui faire réellement risquer de suffoquer. Il avait dû annuler sa mission et rentrer en toute urgence dans la station spatiale.
  • En microgravité, de l’eau dans le casque d’un astronaute représente un grave danger, car elle flotte, et s’accumule en une sorte de poche qui a tendance à coller au visage de la personne, au risque de très vite le mettre en danger. Or, dans le cas de Parmitano, il y avait déjà près d’un litre et demi d’eau dans son casque.

Fuites et condensation excessive

La NASA a donc opté pour le principe de précaution, jusqu’à ce que la lumière soit faite sur ces problèmes de tuyaux. Pour cela, il a fallu ramener sur terre les scaphandres concernés afin de les faire passer par l’équivalent spatial du contrôle technique, mais c’est chose faite. Il y avait en fait deux problèmes distincts. Dans le cas de Maurer, l’eau provenait de la condensation causée par les niveaux élevés d’effort des astronautes et le réglage du refroidissement de la combinaison spatiale de l’unité de mobilité extravéhiculaire (EMU) qu’il portait, selon des responsables de la NASA. Quant à l’affaire plus inquiétante dont a été victime Parmitano en 2013, l’eau venait d’une fuite, et non de la condensation : une enquête sur l’incident de juillet 2013 a permis d’établir que la fuite était due à des « matériaux inorganiques qui ont bloqué les trous du tambour » dans un séparateur d’eau de l’EMU, rappelle Space.com. En conséquence, l’eau s’est déversée dans une boucle de ventilation et s’est retrouvée dans le casque de l’astronaute.

L’enquête a été retardée par la nécessité de ramener les combinaisons sur Terre afin de les étudier – le EMU de Maurer n’est revenu que le 20 août dernier – mais l’étude détaillée de ce matériel a permis d’établir un diagnostic, ainsi qu’un correctif qui convient à la NASA : « Sur la base des résultats, l’équipe a mis à jour les procédures opérationnelles et développé un nouveau matériel d’atténuation pour minimiser les scénarios où la performance intégrée entraîne une accumulation d’eau, tout en absorbant toute eau qui apparaît », ont écrit les responsables de la NASA dans un communiqué publié ce mardi. « Ces mesures permettront de contenir tout liquide dans le casque pour continuer à assurer la sécurité de l’équipage. »

Par conséquent, la NASA a levé son interdiction des sorties extravéhiculaires. La prochaine sortie dans l’espace, prévue pour la mi-novembre, permettra de poursuivre les travaux iROSA (abréviation de « ISS rollout solar arrays »), soit l’installation de nouveaux panneaux solaires qui présentent l’avantage d’être beaucoup moins volumineux et plus léger que les panneaux rigides utilisés traditionnellement. Les deux sorties qui suivront concerneront le même chantier, ont précisé les responsables de la NASA.

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