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L’E3, le plus grand salon de jeux vidéo au monde, est mort et c’était inéluctable

L’E3, le plus grand salon de jeux vidéo au monde, est mort et c’était inéluctable
Getty Images

Après plusieurs annulations ces dernières années, ça y est, c’est officiel : l’E3 n’est plus. Outre la pandémie de coronavirus qui a mis un sacré coup dur au plus grand salon dédié aux jeux vidéo, plusieurs facteurs annonçaient déjà depuis un moment que sa fin approchait.

L’actualité : l’Entertainment Software Association (ESA) a annoncé la mort de l’E3.

  • Il était pourtant question d’un renouveau pour le salon, lors de son retour en 2025.
  • De toute évidence, les organisateurs n’ont pas trouvé la recette magique pour renouer avec le succès d’antan.

28 ans d’existence

Depuis son lancement en 1995, l’E3 – pour Electronic Entertainment Expo – était devenu au fil des années une véritable messe annuelle pour le secteur du gaming. Les éditeurs et développeurs se pressaient en masse pour y assister.

  • L’E3 était l’occasion pour les petits et grands studios de présenter leurs nouveaux jeux vidéo et d’annoncer les projets futurs encore en développement.
    • Plusieurs grosses annonces ont d’ailleurs été faites durant une édition de l’E3. On retiendra tout particulièrement l’apparition « breathtaking » de Keanu Reeves sur scène, lors de la présentation de Cyberpunk 2077.
    • Ou encore l’officialisation de la PlayStation 3, de la Wii et de la Xbox 360, en 2005.
  • Mais aussi de rencontrer les géants de l’industrie et pourquoi pas tisser des liens pour mettre en lumière des créations.
  • Une cérémonie récompensait également les meilleurs jeux vidéo à travers une quinzaine de catégories.
  • Enfin, pour les joueurs qui pouvaient y assister depuis 2015, le salon était synonyme de goodies, de rencontres avec leurs développeurs favoris, mais aussi de tests de jeux vidéo.

Une recette dépassée

Mais à force de gagner en puissance, le salon a commencé à avoir les yeux plus gros que le ventre. Au milieu des années 2000, les coûts d’exposition ont explosé, de sorte que les éditeurs ont commencé petit à petit à se tenir à l’écart et à organiser leur propre événement, comme le rappelle BFM.

Un exode qui a fait réagir l’ESA : elle a revu sa copie pour tenter d’offrir plus de place aux éditeurs pour présenter leurs jeux lors de conférence.

Une copie qui n’a en réalité que très peu évolué. Certes, le salon a changé plusieurs fois de format, mais sans aucune révolution pour autant. L’E3 a continué de se reposer sur ses acquis et surtout sur la présence presque obligatoire des géants du secteur pour assurer sa survie.

Et la décision d’ouvrir ses portes au public en 2017 n’a pas fait l’unanimité. Il s’agissait plutôt d’un pansement sur une plaie béante pour certains. Le salon a en effet perdu de son aspect professionnel pour entamer un virage axé sur les consommateurs. Ceux qui étaient là pour faire des affaires devaient jouer des coudes pour avancer dans la masse de gens venus chercher des goodies. Une belle opportunité pour les joueurs, même si les prix du salon ont également déçu – jusqu’à 500 dollars pour deux jours.

L’exode des géants

Au fil des années, un sentiment d’essoufflement s’est fait ressentir. Sentiment renforcé par l’absence de plusieurs grands noms de l’industrie, à commencer par Sony en 2019. Son rival de toujours, Xbox, a suivi le mouvement, de même qu’EA ou Activision.

Ces mastodontes se sont tout simplement émancipés et ont tenu leur propre événement, souvent en amont du salon. Rendant ce dernier d’une certaine façon inutile, ou du moins superflu.

L’accélération du déclin

Après que l’édition 2020 a été annulée en raison de la pandémie de coronavirus, l’ESA a tenté un retour en 2021 avec une édition uniquement numérique, avant d’annuler une nouvelle fois ses éditions 2022 et 2023. Preuve que le problème n’était pas uniquement lié à la crise sanitaire.

Contrairement à d’autres salons, notamment le CES ou la Gamescom, l’E3 n’a jamais réussi à se relever.

La création du Summer Game Fest par le journaliste et animateur Geoff Keighley – qui doit en partie sa notoriété à l’E3 – au même moment que le salon a certainement été lé goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En conflit avec les organisateurs de l’E3, son objectif était simple : voler la vedette au salon. Et son événement – plus dans l’air du temps, organisé online – y sera parvenu.

Et maintenant ?

Malgré la disparition de l’E3, le mois de juin restera très certainement celui des jeux vidéo, avec toutes les conférences solo des éditeurs et développeurs qui se déroulent traditionnellement à ce moment-là.

La question que l’on se pose est de savoir si un nouvel acteur pourrait les rassembler tous lors d’un événement. La Gamescom ou la Paris Games Week, pour ne citer qu’elles, montrent en tout cas qu’il y a toujours un intérêt de la part de la presse et des visiteurs pour les événements vidéoludiques physiques.

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