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Doge ou pas Doge?

Doge ou pas Doge?
STR/NurPhoto via GettyImages

La semaine dernière, à la suite des frasques d’Elon Musk aux États-Unis, le Cirque d’hiver de Gand a organisé un débat sur la question suivante : Doge or not Doge (Doge ou pas Doge). Avons-nous besoin d’un ministère de l’efficacité gouvernementale en Belgique ? Cela aurait pu être le débat le plus court de tous les temps (oui, bien que sans le personnage de Musk), mais il s’est finalement avéré un peu plus long.

Un gouvernement pléthorique

Quelques chiffres suffisent à répondre à la question ci-dessus:

  • 344 milliards d’euros ou 55 pour cent du PIB : les dépenses publiques belges totales pour cette année sont estimées à environ 55 pour cent du PIB, ce qui les place au troisième rang des pays industrialisés.
  • 82 milliards d’euros supplémentaires : depuis 1990, les dépenses publiques (hors charges d’intérêt) ont augmenté de 13,2 pour cent du PIB. En euros d’aujourd’hui, cela correspond à 82 milliards d’euros de dépenses annuelles supplémentaires.
  • 58,4 pour cent du PIB (ou 366 milliards en euros d’aujourd’hui): compte tenu des dépenses supplémentaires en matière de défense, la Belgique se dirige, sans intervention, vers les dépenses publiques les plus élevées de tous les pays industrialisés d’ici 2029.
  • 1,6 million de personnes: l’emploi public au sens large (y compris l’enseignement et les soins) a augmenté de plus d’un demi-million au cours des 30 dernières années, pour atteindre près de 1,6 million de personnes aujourd’hui.

En soi, un gouvernement important ou des dépenses publiques élevées ne constituent pas nécessairement un problème. C’est à la société de décider de l’étendue du rôle du gouvernement dans la société. La question principale est de savoir ce que les contribuables obtiennent effectivement en échange de ces dépenses publiques élevées. Et il semble que nous soyons plutôt déçus.

Le rendement des dépenses publiques

La meilleure façon d’évaluer l’efficacité de notre gouvernement est d’établir une sorte de rapport qualité-prix des politiques publiques. La difficulté réside dans le fait que la qualité des politiques ne peut être mesurée directement. Dans notre propre analyse, nous évaluons la qualité des politiques publiques sur la base de 60 indicateurs qui donnent une vue d’ensemble de l’impact du gouvernement. Nous comparons ensuite cette qualité aux dépenses publiques.

Une comparaison avec d’autres pays européens montre que la Belgique se situe au troisième rang des dépenses publiques (après la France et la Finlande), mais seulement au dix-septième rang pour ce qui est de la qualité des politiques. Les contribuables belges n’obtiennent tout simplement pas la qualité de politique pour laquelle ils paient. Cela s’applique à la fois au niveau des dépenses publiques totales, mais également à des secteurs spécifiques de la politique tels que l’éducation, les soins de santé ou l’infrastructure. Des analyses antérieures de la Banque nationale brossent un tableau similaire.

Les chiffres de l’emploi donnent une image similaire. L’emploi dans le secteur public au sens large est passé de 1 million à 1,6 million depuis 1995. Dans le même temps, des cris d’alarme concernant la pénurie de ressources et de personnel sont lancés par toutes les branches du gouvernement, y compris les soins de santé, l’éducation, la police et la justice. Il y a là quelque chose qui ne va pas.

Vers une plus grande efficacité des pouvoirs publics

En particulier dans le contexte des énormes défis budgétaires à venir, une plus grande efficacité dans l’ensemble de l’administration devrait devenir la priorité absolue : comment faire plus avec moins de ressources. Cela implique un débat sérieux sur les missions fondamentales (ce que le gouvernement devrait ou ne devrait pas faire), une vision future du rôle du gouvernement (où le gouvernement devrait-il aller à plus long terme), un examen de l’efficacité et de l’efficience de toutes les dépenses du gouvernement (les dépenses atteignent-elles l’objectif proposé et le font-elles de la manière la plus optimale), l’utilisation de la numérisation et de l’IA (comment peuvent-elles être utilisées pour mieux atteindre les objectifs politiques)…

Les manifestations contre le gouvernement de l’Arizona au cours des dernières semaines ont encore mis en évidence la difficulté de faire des choix politiques audacieux dans notre pays. Pourtant, la réalité est douloureusement claire : nous avons un gouvernement plus grand que presque tous les autres pays industriels, et la qualité que nous en recevons en retour est loin d’être suffisante. Le nouveau gouvernement prévoit certaines mesures d’économie, mais même avec celles-ci, nous resterons parmi les trois pays aux plus fortes dépenses publiques en Europe dans les années à venir. Les efforts doivent aller plus loin. Un exercice d’efficacité approfondi à travers l’ensemble de l’administration est véritablement nécessaire.

Bart Van Craeynest
Économiste en chef chez Voka et auteur de « België kan beter’ ».

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