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Stagnation de l’emploi dans le secteur privé

Le marché du travail a connu une année difficile. Sur l’ensemble de l’année 2024, le marché du travail belge a certes créé 11.500 emplois nets. Mais cela est principalement dû au secteur public. Dans le secteur privé, il y a eu une perte nette de 1.100 emplois en 2024.

Le malaise économique frappe le marché du travail

La croissance économique inférieure à la normale, la situation difficile de certains secteurs et les perspectives incertaines ont évidemment aussi touché le marché du travail. Tant la situation actuelle que les perspectives pour les mois à venir ne sont pas immédiatement réjouissantes.

  • Dans le secteur privé, 1.100 emplois nets ont été perdus en 2024. À l’exception de l’année couronne (2020), c’est la première fois depuis 2013, au lendemain de la crise de l’euro, que l’emploi dans le secteur privé recule.
  • En 2024, 9 400 emplois ont été perdus dans l’industrie manufacturière, la pire année depuis 2015. Des emplois ont également été perdus dans l’agriculture, la construction, le commerce et les TIC. Les emplois supplémentaires dans les professions libérales et les services administratifs ont largement compensé ces pertes.
  • Dans le secteur public (au sens large), on a créé 12 600 emplois nets en 2024, à la fois dans les administrations publiques (administration publique, défense et éducation : +8 500) et dans les soins de santé (+4 100).
  • Le nombre de faillites s’est stabilisé à un niveau élevé au cours des derniers mois. Au cours des 12 derniers mois (jusqu’à fin février), 11 000 entreprises ont fait faillite en Belgique. Dans le même temps, 33 000 emplois ont été perdus.
  • Après une forte baisse ces dernières années (-25 pour cent par rapport à la période précédant le Corona), l’activité intérimaire, un indicateur avancé classique du marché du travail, a stagné au cours des six derniers mois.
  • Selon les enquêtes de la Banque nationale, les perspectives d’emploi dans les secteurs clés se situent à un niveau compatible avec une stagnation ou un léger déclin de l’emploi dans le secteur privé depuis un an et demi.
  • L’ensemble de ces éléments laisse présager un scénario similaire pour cette année et pour 2024: un marché du travail privé plus ou moins stagnant, tandis que le gouvernement continue d’embaucher.

Les défis à long terme du marché du travail restent inchangés

Le hoquet sur le marché du travail provient principalement de la combinaison de la situation conjoncturelle incertaine (en particulier dans certains secteurs) et des fortes augmentations salariales de ces dernières années (les coûts salariaux moyens ont augmenté de plus de 20 pour cent depuis 2000). L’incertitude économique (y compris avec Trump) continuera également à peser sur 2025, tandis que nous éliminons progressivement le handicap salarial accumulé par rapport aux concurrents étrangers. Pour ces derniers, les négociations salariales qui viennent de s’ouvrir pour la période 2025-2026 sont déterminantes. Selon l’analyse du Conseil central des entreprises, il n’y a déjà plus de place pour des augmentations salariales supplémentaires en plus de l’indexation (même si les syndicats ne sont manifestement pas d’accord).


Malgré la « pause » du marché du travail, la principale tendance structurelle pour les années à venir reste la difficulté pour les entreprises de trouver du personnel adéquat. Au cours des 25 prochaines années, 1 400 personnes âgées de 20 à 64 ans en moyenne viendront s’ajouter chaque année au niveau belge (400 par an seulement au cours des 10 prochaines années). Ce chiffre tient d’ailleurs déjà compte de la migration. À titre de comparaison, les 25 dernières années ont vu une moyenne de 29 000 personnes supplémentaires par an.

Cela signifie que le nombre de personnes entrant sur le marché du travail est insuffisant pour assurer une croissance économique normale. Et il ne s’agit que du nombre de personnes; pour certains profils ou compétences spécifiques, la situation est encore plus difficile. Pour les entreprises, trouver du personnel adéquat restera de toute façon le plus grand défi sur le marché du travail dans les années à venir.


Pour faire face à cette réalité démographique, il faut activer les personnes qui ne travaillent pas, maintenir les travailleurs plus longtemps en activité, cibler davantage la migration économique, favoriser la formation et l’apprentissage tout au long de la vie, et augmenter la productivité (réaliser plus avec moins de personnes) grâce à la numérisation et à l’IA, entre autres.


L’auteur Bart Van Craeynest est économiste en chef chez Voka et auteur de België kan beter.

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