Des employés d’Amazon se révoltent contre la politique de musellement de l’entreprise

Plus de 350 employés d’Amazon ont signé de leur nom une liste de critiques contre le géant américain de la distribution en ligne, dimanche. La politique environnementale de l’entreprise est sur la sellette, tout comme le nouveau règlement intérieur qui suppose une autorisation préalable de la hiérarchie avant tout commentaire public.

La publication de ces témoignages de 357 employés sur le site Medium a été organisée par le groupe Amazon Employees for Climate Justice (AECJ), qui pousse l’entreprise à aller plus loin dans son plan de mitigation annoncé à grand renfort de publicité en septembre.

Les membres du groupe ont critiqué l’entreprise publiquement et plusieurs d’entre eux se sont vu rappeler à l’ordre par la direction, au risque d’un licenciement. Ces commentaires constituent en effet un bras d’honneur d’envergure aux règles de l’entreprise qui interdisent aux travailleurs de commenter publiquement ses activités sans justification de l’entreprise et sans l’approbation des dirigeants. Et c’est bien cela que dénoncent les employés.

‘Cette action a été menée pour protester contre le règlement récemment rafraîchi qui interdit aux employés de s’exprimer publiquement sur les activités de l’entreprise sans autorisation préalable’, souligne un communiqué de AECJ.

‘En tant qu’employés d’Amazon nous sommes responsables non seulement pour le succès de l’entreprise mais aussi de son impact. C’est notre responsabilité morale de parler haut et fort et les changements dans le règlement nous empêchent d’exercer cette responsabilité’, écrit ainsi Sarah Tracy, ingénieure informatique chez Amazon. Un autre employé dénonce les tentatives de son entreprise pour étouffer les critiques. ‘Solidarité avec les travailleurs qui subissent des représailles pour s’être levés!’, a écrit Charlie LaBarge, ingénieur en informatique.

‘Nous ne permettrons pas aux employés de dénigrer publiquement l’entreprise’

Il est commun que les entreprises exigent – comme Amazon – un devoir de réserve de leurs employés quand il s’agit de discuter publiquement de leurs activités et plus encore de les remettre ouvertement en cause.

Amazon comptait près de 650.000 employés permanent à la fin 2018, selon le rapport annuel de la société. Si l’environnement est l’objet de nombreuses critiques postées dimanche, Amazon se voit aussi reprocher d’autres activités comme par exemple la mise à disposition de ses capacités en intelligence artificielle pour des entreprises du secteur pétrolier.

Selon le Washington Post (qui appartient désormais à… Jeff Bezos, le fondateur et CEO d’Amazon), le groupe prévoit également de publier lundi une vidéo des employés qui parlent du danger du changement climatique et disent qu’ils ne seront pas réduits au silence.

Le porte-parole d’Amazon, Drew Herdener, s’est exprimé à ce sujet. ‘Bien que tous les employés soient invités à s’engager de manière constructive avec l’une des nombreuses équipes d’Amazon qui travaillent sur la durabilité et d’autres sujets, nous appliquons notre politique de communication externe et ne permettrons pas aux employés de dénigrer publiquement ou de déformer l’entreprise ou le travail de leurs collègues qui développent des solutions à ces problèmes difficiles.’

Des engagements climatiques insuffisants

Pour tenter de démontrer que son entreprise prend ses responsabilités climatiques, Herdener a rappelé une initative de Jeff Bezos en septembre dernier pour mesurer et communiquer régulièrement les émissions d’Amazon. L’entreprise veut également atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat dix ans plus tôt. C’est justement ici que les critiques ont fusé, principalement sur le fait que les engagements manquaient de responsabilité et de transparence.

Si le groupe d’employés s’attribue le mérite d’avoir poussé Amazon à prendre ces mesures, il souhaite que l’entreprise aille plus loin. Amazon Employees for Climate Justice a ainsi demandé à Amazon de s’engager à être neutre en carbone d’ici 2030, de mettre fin aux contrats de cloud computing qui aident les compagnies énergétiques à accélérer l’extraction du pétrole et du gaz et de cesser de financer les politiciens et les lobbyistes qui nient le changement climatique.

Rappelons qu’en novembre dernier, des employés de Google ont affirmé avoir été licenciés pour leurs critiques publiques à l’égard de leur entreprise et de leurs tentatives d’organisation. Reste à voir si Amazon prendra ici les mêmes sanctions.

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