Derrière le buzz et les polémiques sur la viande, le véritable programme économique du candidat communiste Fabien Roussel

Candidat à l’élection présidentielle française d’avril prochain, le candidat du PCF arrive à attirer l’attention alors qu’à gauche, aucun candidat ne se dégage clairement de la mêlée. Ses prises de position sur alimentation, certaines questions de société, ou encore le nucléaire, pourraient lui attirer quelques inattendus points de pourcent.

C’est la grande surprise dans cette présidentielle française pour laquelle les frontières des partis et des idéologies demeurent pour le moins embrumées : voilà qu’un candidat affilié au Parti communiste français, le fameux PCF, arrive à sortir de la mêlée. Avec 4% des intentions de vote, il a dépassé Anne Hidalgo.

Fabien Roussel, 52 ans et originaire de Béthune, détonne avec son discours à contre-courant des causes sociétales ou des stratégies écologistes dominantes à gauche de l’échiquier politique français. Il se présente comme un amateur de bonne viande et de bon fromage, rétif à toute imposition d’un changement de mode de vie des Français, sur l’alimentation ou sur l’énergie, automobile en particulier. Pro-nucléaire, M. Roussel passe pour un candidat de gauche capable de reconquérir un électorat populaire passé largement au Front national, tout en offrant moins de prise aux critiques des candidats de droite, prompts à caricaturer une gauche adepte des idées « woke ». Mais quid de son programme économique ?

« Travailler moins pour travailler mieux »

  • Augmentation du SMIC à 1.500€ nets par mois : comme tous les candidats relève BFM Business, M. Roussel veut revaloriser le salaire minimum de croissance. Soit une hausse de presque 230€ par mois, le SMIC étant actuellement fixé à 1269€ nets.
  • Départ à la retraite à 60 ans à taux plein : une mesure chère aux autres candidats très à gauche, comme Philippe Poutou, mais à contre-courant total de l’autre bord de l’échiquier politique. Le candidat communiste veut aussi permettre des départs anticipés pour les personnes exerçant des métiers pénibles ou ayant eu une longue carrière. Quant au montant de la pension, elle atteindra 75% du revenu net d’activité, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Elle sera calculée sur la base des 10 meilleures années dans le privé.
  • Nouvel impôt modulable sur les sociétés : celui-ci variera en fonction du chiffre d’affaires et des résultats des entreprises. Mais il sera plus élevé pour les sociétés qui délocalisent ou qui licencient, ainsi que pour les entreprises polluantes. Fabien Roussel veut aussi mettre en place une forme de « contribution exceptionnelle » des plus grands groupes afin d’éponger les dépenses liées à la crise sanitaire. Le candidat imagine aussi nationaliser ou renationaliser certains grands groupes stratégiques, citant par exemple EDF, la SNCF, La Poste ou France Télécom.
  • Rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), supprimé en 2018 par Emmanuel Macron. M. Roussel évoque même d’en tripler le montant selon BFM Business, mais sans plus de précision.

Pro-nucléaire et pro-renouvelable

  • Maintien du nucléaire : une opinion à contre-courant à gauche. Fabien Roussel prévoit en outre de construire au moins six EPR supplémentaires, mais pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2040-2050, il compte aussi investir massivement dans l’énergie renouvelable. Quant au montant du chèque énergie, il passerait à 700€, et les coupures d’électricité pour les personnes précaires incapables de payer seraient interdites.

Le candidat à la présidentielle envisage aussi la réouverture de nombreuses petites lignes de chemin de fer afin à la fois de désenclaver les zones rurales et d’inciter les Français à se passer de l’automobile. Il mise d’ailleurs beaucoup sur les régions agricoles du pays et compte mettre un frein à la désertion massive des campagnes. Il défend un objectif de « 500.000 nouveaux agriculteurs d’ici 2030 pour répondre aux besoins du pays » afin de promouvoir la souveraineté alimentaire et le recours aux circuits courts.

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