Pour Morgan Stanley, l’aube est proche sur le marché bousier. Mais la dernière heure de la nuit est aussi la plus sombre. Le déclin dans les bénéfices des entreprises ne ferait que commencer.
« Le dernier chapitre du marché baissier » commence, mais il pourrait être long…

Pourquoi est-ce important ?
2023, une meilleure année que 2022 ? C'est ce qu'espèrent de nombreux investisseurs, après le bain de sang de l'année écoulée. Mais de plus en plus d'observateurs mettent en garde : la reprise ne viendra pas tout de suite.Dans l’actu : un rapport de Morgan Stanley sur l’évolution du marché boursier.
- « Le chapitre final du marché baissier », écrit Mike Wilson, investisseur en chef de la banque américaine, cité par Markets Insider.
- Ce qui sonne comme une bonne nouvelle, mais elle vient avec un « mais ». Le premier trimestre de l’année prochaine en particulier sera synonyme de douleurs, avec une chute jusque 3.000 points pour le S&P 500 (une perte d’environ un quart de sa valeur d’aujourd’hui).
- Mais encore : ce « dernier chapitre » n’a en réalité pas vraiment de durée déterminée.
Le détail : Rien à voir avec la Fed, ni l’inflation.
- Pour l’expert, le marché est trop concentré sur la Fed (un constat que partage Rich Weiss). Cette semaine est en plus une semaine cruciale : ce mardi, le chiffre de l’inflation américaine du mois de novembre sera publié, et ce mercredi la Fed annoncera une hausse des taux d’intérêt. Deux chiffres qui ont grandement influencé le marché cette année, au fil des mois.
- Une grande partie des investisseurs s’attendent à ce que l’inflation soit à la baisse (donc moins que les 7,7% en octobre, en glissement annuel), et que la hausse des taux soit moins élevée que les précédentes (quatre fois 75 points de base). Deux éléments qui, s’ils viennent à se réaliser, pourraient provoquer quelques reprises des cours.
- « C’est l’actualité d’hier ça », martèle Wilson. Il faudrait se concentrer sur autre chose.
L’essentiel : Les bénéfices des entreprises en chute.
- Ce qui compte vraiment, ce sont les bénéfices des entreprises, et il y a raison de s’inquiéter. Wilson s’attend à des chutes à ce niveau-là, et à des marges comprimées.
- « Nous pensons que les coûts resteront élevés et que les prix perçus par les entreprises baisseront, ce qui créera un levier d’exploitation négatif et un environnement très difficile pour les bénéfices », explique-t-il.
- Il donne un chiffre : des bénéfices de 195 dollars par action (BPA, ou EPS pour earnings per share) pour le S&P 500, en 2023. C’est moins que l’estimation moyenne qui compte pour le moment, à savoir 215 dollars. Le marché ne se rendrait donc pas encore compte de la tempête qui l’attend : « Seul un tiers de l’indice a vu ses estimations de bénéfices pour 2023 baisser de plus de 10%. Cela laisse beaucoup de place pour que les estimations soient encore réduites et les révisions à la baisse ne font que commencer, selon nous. »
Zoom avant : comme en 2008.
- Wilson compare cette situation du côté des bénéfices à l’été 2008, juste avant la faillite de Lehman Brothers, fin septembre de cette année-là, et l’effondrement de la bourse qui a suivi. Là aussi, les investisseurs n’auraient pas vu venir la chute sérieuse des bénéfices.
- « Nous nous rappelons une configuration similaire en août 2008 du point de vue du BPA pour remémorer aux investisseurs que le marché met généralement plus de temps à évaluer de telles baisses de bénéfices que ce que l’on pourrait penser/attendre », souligne encore Wilson.
- 2022 ne manque pas de points de comparaison avec 2008, d’ailleurs. Pour Nouriel Roubini, nous nous trouvons sur le seuil d’une crise de la dette, tout comme il y a 14 ans.