Les investisseurs sont obnubilés par la Fed, « ils espèrent une reprise qui ne viendra pas »

Les investisseurs attendent impatiemment que la Réserve fédérale arrête d’augmenter les taux. Nombre d’entre eux estiment que c’est le seul élément nécessaire pour relancer la bourse. Mais ailleurs dans l’économie américaine, le mal serait déjà fait. Avec la mauvaise situation économique qui s’annonce, il n’y aurait peu de place pour une reprise des cours.

Pourquoi est-ce important ?

Les taux d'intérêt rendent l'argent plus cher. Une méthode pour lutter contre l'inflation, en refroidissant l'économie, qui est en surchauffe. Cela comporte des risques, comme le fait de la plonger en récession. De plus en plus d'observateurs s'attendent à un net recul des activités en 2023. De quoi pousser la bourse encore plus dans le rouge, après une année déjà difficile.

Les faits : après près de deux mois de reprise, Wall Street relâche du lest.

  • Il s’agit du pire début de mois, en termes de jours consécutifs dans le rouge depuis 2011, (et le pire début de décembre depuis 1996) constate Bloomberg. Le S&P 500 a en effet perdu près de 4% entre le premier décembre et mercredi soir.
  • Ce qui peut être intriguant, car décembre est habituellement un bon mois à Wall Street, grâce à ce qu’on appelle le rallye de fin d’année (ou Santa rallye).

L’essentiel : l’obsession sur la Fed a aveuglé le marché.

  • Pour Rich Weiss, investisseur en chef auprès de American Century Investment Management, les optimistes du marché ne regardent pas les bons indices : « L’une des choses que je trouve dangereuses, c’est que de nombreux investisseurs en ce moment sont myopes, douloureusement concentrés sur la Fed – et la Fed seulement – et sur le moment où ce pivot va se produire », explique-t-il à Bloomberg. « Et en agissant ainsi, ils ne voient pas la situation dans son ensemble ». Ils interpréteraient ce fameux pivot comme la seule condition pour la reprise.
    • La preuve, c’est que même des mauvaises nouvelles économiques, comme une éventuelle hausse du chômage, sont accueillies avec le sourire. Elles pourraient indiquer que la Fed soit contrainte de rétropédaler (mais indiquent aussi que quelque chose est en train de virer, dans l’économie).
  • Ainsi, ils n’observent pas assez (ou mal) les signes de l’économie, qui ne devraient pas donner lieu à un rallye, continue l’expert. Une fois que la Fed cessera d’augmenter les taux, l’économie sera en trop mauvaise condition pour que les actions puissent partir en flèche. Historiquement, une période de relâchement de la politique monétaire est d’ailleurs synonyme de chutes (24% en moyenne, après la première réduction des taux), ajoute Jason Trennert de Strategas Securities LLP.

A l’avenir : rechute en vue.

  • La réalité devrait commencer à rattraper ces optimistes, maintenant que l’indice boursier repart à la baisse. Selon plusieurs observateurs, ce sont en effet les craintes de récession qui sont en train de prendre le dessus. Weiss s’attend en tout cas à un nouvel effondrement des cours, tout comme plusieurs grandes banques. « La tempête arrive maintenant. Les gens parient sur le fait qu’il s’agira soit d’une tempête de pluie tropicale ou d’un ouragan de catégorie 4. Il s’agit juste de savoir quelle sera sa gravité et sa durée », prévient-il.
  • Voilà le hic : alors que la Fed commence à décider des taux moins restrictifs (une hausse de 50 points de base, lors de la réunion la semaine prochaine, est vue comme très probable, après quatre hausses de 75 points de base), il ne faudrait pas s’attendre à une large reprise.
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