De nombreux compléments alimentaires présentent des traces de produits pharmaceutiques non indiqués

Une étude a révélé la présence de substances pharmaceutiques non déclarées dans de nombreux compléments alimentaires en vente libre. Ceux vendus pour améliorer les performances sexuelles et pour la perte de poids sont les plus problématiques.

Pourquoi est-ce important ?

58% des Américains adultes consomment des compléments alimentaires. En Belgique, ils étaient 38% à en consommer en 2016, une proportion qui a certainement augmenté au cours des dernières années, notamment durant la pandémie de coronavirus.

Les ventes de compléments alimentaires ont augmenté de 6% en 2021 et de 13% par rapport à 2019. Une hausse qui s’explique évidemment en grande partie par l’angoisse générée par le coronavirus et la volonté de la population mondiale de se prémunir contre le virus, et ce, même si ces gélules, ampoules, poudres et gouttes de liquide ne renforcent pas le système immunitaire. Pire, dans certains cas, ces compléments pourraient avoir des effets négatifs sur notre santé, comme l’a révélé une récente étude, menée par le professeur de pratique pharmaceutique C. Michael White, de l’Université du Connecticut.

Substances pharmaceutiques non indiquées

En Europe, les compléments alimentaires sont strictement réglementés, car considérés comme des aliments, mais ce n’est pas le cas partout. C’est pourquoi il est dangereux de se fournir en compléments alimentaires auprès de circuits non réglementés, sur Internet par exemple, ou à l’étranger lors d’un voyage.

Une étude publiée dans le Journal of Clinical Pharmacology, sur base des données de la Food and Drug Administration sur les produits de fraude en matière de santé, a en effet révélé que 1.068 produits commercialisés aux États-Unis entre 2007 et 2021 présentaient des ingrédients actifs trouvés normalement dans des médicaments sous ordonnance ou jugés trop dangereux pour être utilisés chez l’Homme.

54% des compléments alimentaires contaminés étaient destinés à pallier un dysfonctionnement sexuel et 34% à faciliter la perte de poids.

Les produits contaminés détectés par la FDA ont évidemment été retirés du marché, mais les consommateurs ne sont pas à l’abri de tomber sur d’autres compléments alimentaires également contaminés par des substances pharmaceutiques cachées.

Des effets potentiellement dangereux

Parmi les substances cachées détectées dans des compléments alimentaires, l’étude a noté la sibutramine. Il s’agit d’un ingrédient actif qui a été retiré du marché américain en 2010, après que des recherches ont montré qu’il augmentait le risque de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux. Cette substance a été détectée dans plusieurs compléments alimentaires pour la perte de poids.

La phénolphtaléine, également utilisée dans des produits amaigrissants, a été détectée dans des compléments alimentaires, malgré qu’elle a été reclassée comme « généralement non reconnue comme sûre et efficace » par la FDA en 1999. Des études ont révélé que cet élément pouvait endommager l’ADN et augmenter le risque de cancer.

Substances sous ordonnance

D’autres substances non interdites par la FDA ont également été détectées dans les compléments alimentaires étudiés. Outre le fait qu’ils n’étaient pas indiqués dans les composants, ceux-ci étaient problématiques, car normalement utilisés dans des médicaments sur ordonnance. Leur utilisation sans prescription médicale, à l’insu des consommateurs, peut être dangereuse. C’est notamment le cas du sildénafil et du tadalafil qui peuvent provoquer une perte de vision.

Il y a également un risque d’interactions médicamenteuses graves. Lorsque les deux ingrédients précités sont par exemple utilisés avec des médicaments contre l’hypertension (nitrates ou alpha-1 bloquants), des chutes de tensions artérielles potentiellement mortelles peuvent survenir.

Dans l’ignorance de la présence de telles substances, il est impossible de prévenir des interactions médicamenteuses indésirables.

Pour réduire les risques, il vaut donc mieux demander conseil à son médecin, voire à son pharmacien. Ces derniers vous conseilleront certains types de compléments alimentaires pour répondre à vos besoins – ou envies –, mais ils vous dirigeront surtout vers des produits qui respectent les réglementations européennes et dont le fabricant est sûr. En Belgique, l’ASFCA se charge de vérifier les ingrédients présents dans le produit avant son entrée sur le marché.

Plus