L’Europe commence à prendre les choses au sérieux pour assurer son approvisionnement en ressources rares

L’Europe veut s’assurer son approvisionnement en nouvelles ressources stratégiques, en particulier en lithium, mais elle a vraiment beaucoup de chemin à parcourir pour ne pas terminer dépendante de la Chine comme elle l’était de la Russie.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que la transition énergétique s'accélère, mais qu'elle demande de grandes quantités de matériaux rares tels que le lithium, l'Union européenne se retrouve fort démunie.

L’actualité : l’UE travaille sur une nouvelle législation destinée à lui assurer un approvisionnement en ressources critiques pour sa politique énergétique : le Critical Raw Materials Act.

  • L’objectif de l’UE est de garantir des approvisionnements stables, de renforcer son autonomie stratégique et de réduire sa dépendance à l’égard des importations.
  • Pour y arriver, l’Union entend stimuler sa production nationale, diversifier sa chaîne d’approvisionnement et intensifier ses efforts de recyclage, en s’inspirant de la crise des puces électroniques de ces dernières années pour gérer au mieux ces ressources stratégiques.
  • La publication du Critical Raw Materials Act est prévue pour le premier trimestre de 2023.
  • L’UE a jusqu’à présent classé 30 matières premières comme critiques, en fonction du risque d’approvisionnement et de leur importance économique.

Le contexte : les terres rares utilisées pour produire des batteries et des nouvelles technologies énergétiques sont devenues les nouvelles ressources stratégiques. Or, l’Europe est à la fois fort démunie et à la traine, tant en termes de ressources naturelles exploitées que d’infrastructures pour les traiter. Et la crise provoquée par la Russie a démontré les dangers de la dépendance à une source d’approvisionnement.

  • La demande mondiale de lithium, le nouvel « or blanc », devrait être multipliée par 20 d’ici 2050, tandis que la demande de graphite et de terres rares devrait être multipliée par 14 et 5 respectivement d’ici 2030, rappelle Euractiv.
  • Or l’Europe accuse son retard : des projets d’exploitation importants sont au point mort, freinés par les exigences environnementales, mais aussi les résistances locales au retour des industries lourdes. C’est le cas par exemple au Portugal et en Espagne.
  • Quant au recyclage, l’UE vise un objectif de 70% des batteries lithium-ion d’ici 2030. Mais à supposer qu’il soit rempli, nous serons confrontés à un décalage temporel : il faut 15 ans pour que ces batteries terminent leur cycle de vie, ce qui rejette dans le futur cette source d’approvisionnement, même si elle s’avère capitale pour des raisons économiques et environnementales.
  • Du côté de la transformation des matières premières, ça n’est guère mieux : la Chine reste incontournable. L’Empire du Milieu représente 9% de la production mondiale de lithium, mais 60% de la capacité de raffinage. Si l’Europe veut éviter la dépendance à un partenaire unique – avec lequel les relations peuvent se tendre – il y a du chemin à parcourir.

« Nous devons éviter de tomber dans la même dépendance qu’avec le pétrole et le gaz. Nous devons actualiser nos liens avec des pays fiables et des régions de croissance clé. »

Ursula von der Leyden, présidente de la Commission européenne, en septembre dernier.
  • Selon le commissaire européen français Thierry Breton, au moins 30% de la demande de lithium raffiné de l’UE devrait provenir de l’UE et au moins 20% des éléments de terres rares présents dans les flux de déchets devraient être récupérés.
  • Selon un rapport de Systemiq, un groupe de réflexion, l’UE ne dispose actuellement d’aucune capacité d’extraction ou de raffinage des minéraux de terres rares. Quant au lithium et au graphite, nous n’en sommes respectivement seulement qu’à 1 % et 2 % de nos besoins assouvis dans l’UE.
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