Cinquième mois d’affilée de contraction pour l’activité économique de la Chine, malgré une consommation qui frémit à nouveau

La production manufacturière chinoise demeure en berne, tandis que les activités de service restent désespérément juste au-dessus du niveau de la contraction, et ce depuis des mois. La Chine ne va pas très bien, mais ne sait toujours pas par quel dragon économique, elle risque d’être mangée sur le long terme : déflation, ou inflation ?

Pourquoi est-ce important ?

La locomotive chinoise ne redémarre pas : la production reste faible, sapée entre autres par une consommation intérieure qui reste limitée. Le pays a entamé une période de déflation qui pourrait bien se prolonger, et les objectifs économiques proclamés en début d'année semblent de moins en moins crédibles, bien qu'une certaine croissance reste attendue.

Dans l’actualité : le Bureau national des Statistiques du pays a sorti ce jeudi ses chiffres sur l’activité économique. L’indice des directeurs d’achat (Purchasing Managers’ Index : PMI) du pays se monte à 49,7 pour le mois d’août, contre 49,3 en juillet. C’est mieux qu’espéré – les prévisions ne dépassaient pas 49,4 – mais cela reste une mauvaise nouvelle : en dessous de 50, il s’agit bel et bien toujours d’une contraction de l’activité des entreprises.

  • C’est le cinquième mois consécutif où la production manufacturière chinoise est en baisse, tandis que le score du PMI non manufacturier, qui couvre les secteurs de services, est tombé à 51,0 en août, après des scores de 51,5 en juillet et 53,2 en juin, rappelle CNBC.

Déflation ou inflation ?

Des prix à la consommation qui baissent suite à une chute de la demande, au risque de virer au cercle vicieux de la baisse des prix, c’est la définition simple de la déflation. Celle-ci s’est déjà manifestée ces derniers mois en Chine, et suscite bien des craintes.

  • Mais certains observateurs soulignent que si l’activité manufacturière marque le pas, et en particulier le secteur de la construction, c’est aussi suite à une hausse du prix de certaines matières premières en août, se traduisant par des prix de sortie plus élevés — ce qui suggère que les pressions inflationnistes pourraient être à la hausse. De quoi laisser planer le doute sur le futur de l’économie chinoise.
  • Quoi qu’il en soit, les objectifs de croissance du PIB de 5% affichés en mars par le Parti communiste paraissent bien loin. Pékin devrait échapper à la récession, bien sûr, mais pour un pays qui investit tant dans son économie, cela resterait un constat d’échec. Le FMI estime que la croissance chinoise plafonnera à 4% dans les années à venir, soit moins de la moitié de la croissance de ces quatre dernières décennies. Et il y a des estimations plus pessimistes.

Une consommation qui frémit à nouveau

Tout n’est pas si gris pourtant : la consommation des ménages repart, un peu, à la hausse. Selon une enquête sur les entreprises chinoises du China Beige Book publiée jeudi et résumée par CNBC, les cinq catégories — habillement, automobile, alimentation, meubles et appareils électroménagers et luxe — ont vu une augmentation notable des ventes ce mois-ci par rapport à juillet. Cette analyse est basée sur une enquête menée du 17 au 25 août auprès de 1.300 entreprises, dont la majorité n’était pas détenue par l’État.

  • « En août, le panier de ‘dépenses de revanche’ [après l’austérité de la pandémie, NDLR] du secteur des services a continué de montrer sa force, avec les voyages et les chaînes de restaurants maintenant leur élan de forte croissance et les ventes bondissant dans l’hôtellerie », avance le rapport.
  • De là à dire que cela va se maintenir, c’est trop tôt pour le dire. Il peut s’agir d’un effet passager dû aux vacances, avec une hausse des voyages intérieurs dans le pays, ainsi qu’une conséquence de la fête de Qixi, l’équivalent chinois de la Saint-Valentin qui se tient le 22 août.
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