Comprendre l’impact économique du coronavirus en 6 points

À la crise sanitaire provoquée par la pandémie de coronavirus s’est ajoutée une crise économique mondiale qui affecte tous les secteurs. Tour d’horizon non exhaustif.

Le PIB en rade

La semaine dernière, la Fédération des entreprises de Belgique a évalué l’impact économique de la pandémie de covid-19 en Belgique à 2,4 milliards d’euros hebdomadaires, ce qui correspond à 0,55% du PIB.

Si la situation actuelle perdure six semaines, cela coûtera à notre économique 3,33% du PIB, soit 14,5 milliards d’euros. ‘Nous y survivrons’, a assuré (et rassuré) le chef économiste de la FEB, Edward Roosens.

Mais si la situation perdure 12 semaines, ‘les conséquences économiques seraient bien plus difficiles à encaisser’. En effet, l’impact serait alors de 6% du PIB ou 25 milliards d’euros. Voire 7% et 30 milliards selon les chiffres de la Banque nationale.

Au niveau mondial, le PIB pourrait diminuer de 0,9%, voire 2,5% si la crise sanitaire perdure au 3e trimestre. C’est en tout cas ce qu’annonce le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA). Comparer les crises est souvent un exercice compliqué. Si certains pays, comme la France, annoncent une récession ‘sans précédent depuis 1929’, d’autres tirent leur épingle du jeu. Rappelons qu’en 2009, après la crise financière, l’économie mondiale s’est contractée de 1,7%.

Le secteur aérien au sol

EasyJet a décidé d’immobiliser l’ensemble de sa flotte pour une durée indéterminée, comme beaucoup d’autres compagnies aériennes. L’aéroport de Charleroi est fermé jusqu’en mai. Lufthansa va mettre 31.000 salariés en chômage partiel jusqu’au 31 août. Une nationalisation des compagnies Brussels Airlines et Air France est plus qu’envisagée. La liste des entreprises qui souffrent de la crise du coronavirus ne cesse de s’allonger.

Fin mars, l’association internationale du transport aérien (Iata) estimait que les compagnies seraient privées de 252 milliards de dollars de revenus à cause de la crise actuelle. Sur un chiffre d’affaires annuel qui tourne généralement autour des 800-850 milliards de dollars. Le secteur aérien, déjà remis en cause pour des questions environnementales, est à un tournant.

Les voitures toussent

Le secteur automobile n’est pas en reste. Jusqu’à 1,1 millions d’emplois directs pourraient être impactés par la crise sanitaire, rien qu’en Europe. Soit près de 50%: l’industrie automobile emploie directement 2,6 millions de personnes sur le continent.

L’Allemagne, leader mondial, voit quelque 100.000 emplois menacés. Avec une surcapacité de 1,3 à 1,7 millions de véhicules.

Le pétrole dégringole

Les prix du pétrole se sont effondrés dans des proportions jamais vues depuis 2002. Le baril de WTI se négociait à 20,09 dollars ce lundi. Certains experts ouvrent même la porte à un prix plancher encore plus bas, ce qui n’est plus arrivé depuis 1998 et la crise asiatique.

Les politiques américaines pour faire grimper les prix n’ont pour l’instant pas beaucoup d’effet, l’or noir rebondissait quelque peu ce jeudi: le baril de WTI se négociait ce matin à 22,41 dollars et celui de Brent à 27,14 dollars. Il faut dire que la Russie et l’Arabie saoudite aiment bien jouer les trouble-fêtes.

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1245720677660925952?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1245720677660925952&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.7sur7.be%2Feconomie%2Fen-un-tweet-donald-trump-fait-rebondir-de-30-les-cours-du-petrole~a00142e0%2F

Mais comme souvent, le président américain parvient à faire la pluie et le beau temps sur les marchés grâce à son compte Twitter. En un tweet, Donald Trump a fait remonter les cours d’environ 30%, dans la nuit de jeudi à vendredi, ramenant les prix du baril autour des 30 dollars. Reste à voir s’il s’agit d’un effet d’annonce temporaire ou d’une nouvelle tendance durable.

Fin 2019, le baril de Brent, qui sert de référence en Europe, se négociait encore autour des 68 dollars.

Les bourses s’affolent

La semaine dernière, une étude de Goldman Sachs, relayée par L’Echo, montrait que cette crise liée au coronavirus était difficilement comparable à d’autres épisodes baissiers au cours de l’histoire.

C’est en effet la première fois qu’une crise d’une telle ampleur est déclenchée par une pandémie. Dans ce cas de figure inédit, non seulement les réponses monétaires ne sont pas aussi efficace que face à un événement de marché, mais en plus le facteur ‘peur’ est bien plus présent. Celle-ci étant le plus souvent mauvaise conseillère, elle pourrait plomber les bourses dans des proportions défiant la logique économique.

Depuis son plus haut à la mi-février, l’indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, est passé d’environ 3.300 points à 2.527 ce jeudi, avec un passage au plus bas à 2.237 points.

Du côté du Bel 20, l’indice a perdu quelque 1.300 points en six semaines, soit une chute d’environ 30%.

Les aides astronomiques

Il y a 12 ans, la zone euro n’avait fait qu’aggraver la récession qui avait suivi la crise financière, en maintenant des objectifs d’austérité insensés. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les gouvernements ont en effet dégainé un arsenal de mesures impressionnant.

  • Allemagne: 123 milliards d’euros + 822 milliards d’euros de garanties pour les prêts aux entreprises
  • France: 45 milliards d’euros + jusqu’à 300 milliards d’euros de garanties pour les prêts aux entreprises
  • Italie: 25 à 50 milliards d’euros
  • Espagne: 17 milliards d’euros

Sans oublier que les États-Unis ont trouvé un accord pour une aide d’urgence de 2.000 milliards d’euros, quitte à atteindre un déficit budgétaire de 9,5%.

Du côté de l’UE, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé la mobilisation de 100 milliards d’euros pour faire face à la crise économique déclenchée par la pandémie de coronavirus.

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