Comment l’afflux de travailleurs nomades détruit des paradis tropicaux

Un nomade numérique est une personne désireuse de travailler de façon entièrement connectée de manière à ne pas avoir de contraintes géographiques. Cette démographie de travailleurs se différencie des télétravailleurs classiques qui travaillent depuis leur domicile. Les critères de dépaysement, spiritualité et de liberté y sont très importants, comme le relate Business Insider. Sortir du cocon familial, urbain, orchestré de restrictions covid, pour ainsi retrouver une liberté de mouvement et de travail. Certains évoquent même une philosophie bien spécifique et une communauté très soudée.

Pourquoi est-ce important ?

Les confinements successifs ont entraîné une plus grande popularité du télétravail auprès des freelancers et indépendants. Certains d’entre eux, appelés des nomades digitaux, en ont profité pour combiner leur travail et leurs aspirations de voyage. Le nombre de nomades digitaux américains a augmenté de 50% en 2020, comme le révèle rapport 2020 de MBO Partners.  Plus de 11 millions d’Américains se considèrent aujourd’hui comme des nomades numériques.

Innovations

  • Certains lieux touristiques, désireux de retrouver leur économie pré-Covid, ont fait d’immenses efforts, aussi bien économiques que politiques, pour attirer ce type de télétravailleurs. Ces lieux offrent généralement des visas de travail aux étrangers qui désirent rester 6 mois, avec option de renouvellement.
  • Quelques exemples d’endroits populaires pour le télétravail sont les îles Canaries, certaines îles des Caraïbes, l’Estonie, la Géorgie.
  • Des entreprises se créent spécialement pour accommoder ces nomades digitaux : Selina, une chaine internationale d’hôtel ; Outsite, une agence internationale d’espaces de travail relaxants et esthétiques ; Anyplace, une agence de voyages en ligne pour télétravailleurs.

Détériorations

  • Si ces lieux ont beaucoup investi pour se reconvertir en paradis tropical pour télétravailleurs, l’afflux généré occasionne de nombreux problèmes d’infrastructures et d’approvisionnement dans ces endroits à l’origine déjà précaires.
  • Malgré le fait que les nomades digitaux contribuent à booster l’économie locale, les taxes issues de leur travail ne sont pas redistribuées dans leur pays d’accueil.

Un cas en particulier retient l’attention des activistes environnementaux et inquiète les autorités.

Le cas de Tulum, Mexique

Tulum est devenu une destination très populaire, affirme le Lonely Planet, pour les nombreux créateurs de contenu digitaux. Mais cet afflux n’est pas forcément vecteur de bonnes nouvelles :

  • Au-delà de son réseau d’électricité instable, Tulum rapporte des problèmes de pollution des eaux causés par la déforestation des mangroves sur les côtes. Ces mangroves agissent comme une barrière naturelle entre les eaux usées et la mer. Première cause directe de cette déforestation : l’augmentation de la surface construite d’hôtels et ressort pour palier à la demande. La faune et la flore environnantes s’en retrouvent plus polluées.
  • La venue d’étrangers en quête de liberté a entrainé une plus grande consommation de drogue, créant ainsi une plus grande compétition – et donc tension – entre les différents gangs et cartels de drogue. Les règlements de compte sont plus fréquents. L’insécurité des télétravailleurs inquiète la police locale et les autorités gouvernementales.

Ce que ces confinements successifs ont certainement mis en lumière c’est qu’un bon débit internet devient maintenant une priorité, même dans les endroits les plus reculés. SpaceX a annoncé pouvoir fournir une connexion internet au monde entier dès septembre 2021 grâce à son réseau de satellites Starlink. Cela va-t-il pousser les télétravailleurs dans des endroits encore plus reculés ? Certains commencent déjà à quitter Tulum, en raison de son attrait touristique trop important, pour se réfugier encore plus loin, de façon encore plus authentique, dans un autre paradis tropical.

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