La Chine nous espionnera-t-elle bientôt au moyen de ses voitures électriques qui inondent le marché ?

C’est une menace qu’on n’avait pas vraiment vu venir, et pourtant la Chine possède de sérieux antécédents dans ce domaine : et si les voitures électriques chinoises étaient capables de nous écouter ? Si cette hypothèse peut prêter à sourire, elle n’a rien de la théorie du complot.

Pourquoi est-ce important ?

20% des voitures électriques vendues en Europe viennent de Chine. Selon l’assureur-crédit Allianz Trade, "toutes les voitures viendront bientôt de Chine, qu’elles soient produites par une marque chinoise ou par une marque américaine ou européenne, fabriquée en Chine". Autant de dispositifs d'espionnage qui pourraient être à portée de main du parti communiste chinois. Serait-ce le but depuis le début ?

L’essentiel : Après les fameux « ballons espions » chinois, c’est un mode de transport bien plus commun que la Chine pourrait utiliser pour ses fins d’espionnage.

  • L’Empire du milieu a de la suite dans les idées quand il s’agit d’innover dans ce domaine. En début de semaine, c’est une bombe qui provient de Downing Street : des dispositifs de suivi chinois ont été installés dans la voiture officielle du Premier ministre Rishi Sunak, selon des médias britanniques, dont The Independent.
  • L’ancien chef du Parti conservateur et fervent opposant à la Chine, Sir Iain Duncan Smith, a assuré avoir eu “confirmation fiable” que tous les véhicules utilisés à Downing Street avaient été démontés et qu’un dispositif de suivi avait été découvert dans une carte SIM.
  • En pointant du doigt Pékin comme responsable d’un plan visant à espionner les mouvements de Rishi Sunak, il a affirmé que les autorités chinoises avaient la possibilité “d’actionner l’interrupteur, pour ainsi dire… quand elles le veulent”.
  • Un agent du renseignement a déclaré que le dispositif avait été trouvé à l’intérieur d’une pièce importée d’un fournisseur basé en Chine. Il a ajouté que cet élément permettrait à quelqu’un de “surveiller le gouvernement sur une période de mois et d’années, enregistrant constamment les mouvements, en construisant constamment un tableau riche de l’activité”.

Pas uniquement les voitures chinoises

Les détails : Comment la Chine s’en prendrait-elle pour nous espionner ?

  • Chaque nouvelle voiture électrique cache un secret : un module cellulaire Internet des objets (CIM) dans son unité de contrôle électronique.
  • Le CIM est un élément clé du système qui gère notamment les capteurs, les caméras, l’audio, la géolocalisation et le moteur. Auteur dire qu’il s’agit d’un élément essentiel des voitures électriques.
  • Il se connecte à Internet et fait office de pont pour les données qui entrent et sortent d’une voiture. Les constructeurs utilisent ces données pour améliorer la conception et les performances, via des corrections logicielles et des mises à jour.
  • Ces CIM sont donc capable de collecter de nombreuses informations, mais ça ne s’arrête pas là. C’est ici que les choses deviennent effrayantes : plus tôt cette année, des rapports ont fait état de vidéos provenant des caméras des voitures personnelles, y compris de celles situées dans le garage d’Elon Musk, qui auraient été visionnées par les ingénieurs de Tesla sans le consentement des propriétaires. Un peu comme si on hackait votre téléphone ou votre ordinateur pour utiliser la caméra frontale ou la wecam pour observer vos faites et gestes. Sauf qu’on y rajoute le micro, puisque le son est également disponible pour le CIM.
  • Si l’idée vous fait froid dans le dos, imaginez les conséquences que cela pourrait avoir pour les personnalités politiques les plus importantes de ce monde. Un Joe Biden espionné en train de discuter de plans pour défendre Taïwan d’une éventuelle invasion chinoise, par exemple. C’est un peu tiré par les cheveux, sachant qu’il y a peu de chances pour que la voiture présidentielle américaine provienne de Chine, mais vous avez saisi le concept. Et puis, maintenant que le Premier ministre britannique est lui-même tombé dans le panneau, l’hypothèse ne semble pas si absurde.
  • Surtout que… La menace ne vient pas uniquement des véhicules chinois, sinon, ce serait trop facile. En réalité, « toute voiture équipée d’un CIM fabriqué par un fabricant chinois, tel que Quectel ou Fibocom, pourrait voir ses données aspirées par le parti communiste », écrit The Spectator.

« Si la voiture est fabriquée dans un pays comme la Chine, à quel point pouvez-vous être sûr qu’elle ne servira pas à collecter des renseignements et des données ? Si vous avez des véhicules électriques fabriqués par des pays qui utilisent déjà la technologie pour espionner, pourquoi ne feraient-ils pas la même chose ici ? Ce sont des produits à haut risque. »

Une source gouvernementale britannique haut placée et anonyme au journal The Telegraph

Ça va plus loin : Le CIM est non seulement capable d’espionner les occupants d’un véhicule, mais aussi… D’immobiliser ce dernier, via une simple commande.

  • Là, on entre presque dans le scénario d’un film d’espionnage aux gadgets surréalistes. Mais c’est du sérieux, selon une source anonyme à The Spectator.
  • Le gros problème : même si les voitures des ministres ou des personnalités sensibles sont vérifiées pour détecter les logiciels espions quand elles arrivent de Chine, les CIM qui contrôlent leurs caméras ont besoin de mises à jour régulières du logiciel par les entreprises chinoises. Il est impossible, en tout cas très compliqué, de contrôler si ces mises à jour cachent des logiciels malveillants.
  • Le fait qui confirme qu’il ne s’agit pas là de simples théories complotistes : la Chine limite désormais l’accès des voitures Tesla à certaines zones sensibles, comme celles où se trouve le président Xi Jinping, par crainte d’espionnage de l’Occident. Pékin a pris de l’avance dans ce domaine…
Plus