Ça chauffe entre les ex-colonies britanniques et françaises pour la future monnaie unique africaine

Les anciennes colonies africaines sont de nouveau au centre de l’attention. La décision unilatérale des anciennes colonies françaises sur la modernisation de la monnaie coloniale n’est pas au goût des anciennes colonies britanniques.

Le 22 décembre, les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont décidé que le Franc des Colonies françaises d’Afrique (CFA), l’ancienne monnaie coloniale, serait rebaptisé ‘éco’. Cette décision a par ailleurs été prise en accord avec le président français Emmanuel Macron.

Un changement de monnaie fortement critiqué et qui inquiète les anciennes colonies britanniques – Nigeria, Ghana, Gambie, Libéria et Sierra Leone – qui ont dénoncé cette décision ‘unilatérale’ lors d’une réunion extraordinaire au Nigera.

Elles avaient en effet elles-mêmes décidé en juin de lancer leur propre monnaie unique sous l’égide de la CEDEAO… conjointement avec les pays de l’UEMOA – Guinée-Bissau, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Tout semblait donc convenu, jusqu’à ce qu’arrive cette annonce inattendue de l’UEMOA de renommer ‘unilatéralement’ le CFA en ‘éco’. Selon l’AFP, la CEDEAO, qui comprend l’énorme économie du Nigeria, a également voulu appeler sa monnaie unique l’éco l’année dernière. On pourra donc appeler cela un parasitage…

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Un sommet extraordinaire

Le Nigeria, la Guinée, la Sierra Leone, le Ghana, le Liberia et la Gambie ont donc demandé la tenue d’un sommet extraordinaire des dirigeants de la CEDEAO pour discuter de cette épineuse question, rapporte Bloomberg. Car le changement de nom du franc CFA n’est pas ‘en accord avec les décisions de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO pour l’adoption de l’éco comme nom d’une monnaie unique indépendante’, selon l’agence américaine. Lancée à l’origine en 1945 pour faciliter l’importation des colonies en France, le CFA est la dernière monnaie coloniale encore en usage.

On ajoutera que le manque de communication de l’UEMOA n’est pas le seul problème quant à ce changement de monnaie. Car le choix d’un taux de change fixe pour l’éco, qui est lié à l’euro, agace aussi. Le Ghana s’y oppose particulièrement: son président Nana Akufo-Addo s’est déjà prononcé à plusieurs reprises en faveur d’un taux de change flottant, alors que des documents préparatoires indiquaient qu’il devait bien être flexible.

En outre, ce serait la Banque de France qui deviendrait responsable de la convertibilité. Or, les pays doutent de la capacité de la France à garantir cette convertibilité lorsque les réserves finiront entre les mains des Africains… Les pays anglophones reprochent ainsi à l’eco de n’être qu’un avatar du franc CFA, toujours indexé à l’euro et garanti par la France.

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