Le concept clé que les investisseurs en actions doivent rapidement apprendre aujourd’hui : la « bulle d’écho »

Le concept clé que les investisseurs en actions doivent rapidement apprendre aujourd’hui : la « bulle d’écho »
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Pendant un certain temps, tout semblait rose sur les marchés boursiers. Le rallye du début d’année a permis à de nombreuses classes d’actifs de croître à deux chiffres. Bitcoin : +42 %, Tesla : +92 %, la Bel20 : +20 % si on commence à compter à partir d’octobre 2022. Rien à craindre. Ou sommes-nous en présence d’un « faux rallye », c’est-à-dire d’une « bulle d’écho » ?

Alors que les taux d’intérêt ne cessent d’augmenter et que l’inflation reste également tenace, tout le monde part du principe que les lois de l’économie ne s’appliquent plus. Même la célèbre courbe de Phillips qui, pour les économistes parmi nous, était l’un des piliers de notre éducation macroéconomique, serait devenue caduque. L’économiste néo-zélandais William Phillips a démontré que la hausse de l’inflation ne pouvait être enrayée que par la hausse du chômage. Et que voyons-nous aujourd’hui ? L’inflation augmente, mais l’emploi aussi.

Les lois de l’économie ne s’appliquent plus

Les optimistes parmi les investisseurs appelleraient cela un nouveau paradigme, tout comme nous l’avons connu dans les années 2000 avec les valeurs technologiques. À l’époque, on disait que les bénéfices n’étaient pas importants, mais qu’une entreprise n’était bonne que si elle perdait beaucoup d’argent.

Les prédictions des économistes sont effectivement peu fiables, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de lois économiques. Jusqu’à nouvel ordre, la courbe de Philips reste correcte jusqu’à preuve du contraire, et les marchés ralentissent lorsque les taux d’intérêt augmentent et que la politique monétaire devient plus stricte.

Le mot de 2023 ?

Le concept qui pourrait bien devenir le mot de 2023, après « schéma de Ponzi » en 2022, est « bulle d’écho » (« echo bubble », en anglais).

Une bulle d’écho est un bref rebond des marchés boursiers, un rallye qui se produit après une chute des marchés boursiers d’au moins 35 %. Ce rebond est appelé ainsi parce qu’il constitue un rallye plus petit que le très grand rallye qui l’a précédé, un écho en quelque sorte.

Cette bulle d’écho, selon Ruchir Sharma, président du gestionnaire d’actifs Rockefeller International, présente les caractéristiques suivantes :

  • Elle peut augmenter jusqu’à 20 %.
  • Elle peut même se produire jusqu’à quatre fois de suite après une forte chute des marchés boursiers.
  • Il s’agit d’un rallye temporaire, car le marché boursier retombe ensuite sous son niveau.
  • En général, le marché boursier doit chuter de 70 % par rapport à son niveau record pour retrouver un véritable boom.

La psychologie de l’investisseur

La raison pour laquelle ces bulles se produisent est liée à la psychologie de l’investisseur. Ceux qui montent actuellement dans la frénésie boursière ont une énorme FOMO – la « peur de rater quelque chose ». En outre, le passé récent a enseigné à de nombreux investisseurs que de fortes hausses sont possibles, de sorte que ce comportement se répète, parfois, à l’encontre de leur bon sens.

Le Dow en 1929 et le Nasdaq en 2000

Depuis 1930, il y a déjà eu 10 chutes boursières de plus de 35 %, avec à chaque fois des bulles d’écho. La véritable hausse des marchés boursiers n’a généralement commencé qu’au bout de trois ans, après que les marchés boursiers soient tombés de 70 % en dessous de leur niveau record.

Le rallye qui a suivi le krach de 1929 en est un bon exemple, il a été suivi par un rebond de 48 % pour finalement retomber en 1932, avant que la hausse ne commence vraiment.

Le krach des dotcoms de 2000 à 2002 a montré que le Nasdaq a d’abord dû chuter de 70 %, pour ensuite mettre 15 ans à remonter jusqu’à son précédent sommet. Le Nasdaq était à près de 5.000 points en mars 2000 et n’y est revenu qu’en 2015. Entre le point le plus bas et le sommet, trois autres bulles spéculatives ont eu lieu.

La première bulle d’écho est-elle passée ?

Ceux qui suivent de près les marchés boursiers constatent que la première bulle d’écho a déjà eu lieu. Le Nasdaq est passé de 10.300 à 12.200 points au début de l’année pour retomber à 11 600 points. Une action comme Amazon a fait un bond en février, passant de 85 à 113 dollars, alors qu’elle se négocie aujourd’hui à 93 dollars.

Les marchés boursiers européens ont été les vrais gagnants de ces derniers mois, où la hausse a été plus précoce qu’au début de l’année, contrairement aux indices américains. Le Bel20 a commencé à monter dès septembre 2022, passant d’un bon 3.400 points à un peu moins de 4.000 points. Et ce, alors que l’indice était encore à 4.400 points au début de l’année 2022. Aujourd’hui, le Bel20 maintient son niveau d’un peu moins de 4.000 points. Il ne serait toutefois pas surprenant que l’indice reparte à la baisse dans les semaines à venir.


Xavier Verellen est auteur et entrepreneur (www.qelviq.com)

(JM)

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