Bruxelles pourrait devenir la plaque tournante des trains de nuit en Europe… Mais pourquoi ça bloque ?

Les trains de nuit ont à nouveau le vent en poupe, en Europe. Et Bruxelles pourrait devenir la plaque tournante du rail européen. Mais la volonté ne semble pas suivre, et notre capitale ne sera finalement pas reliée à Malmö.

L’année passée, nous vous annoncions que Bruxelles allait bénéficier d’une liaison ferroviaire nocturne avec Malmö, en Suède, et 400 millions de couronnes (39 millions d’euros) avaient été mises sur la table par le gouvernement suédois pour que la ligne voie le jour dès juillet 2022. Sauf qu’aucun opérateur ferroviaire ne s’est manifesté pour poser les rails car le trajet ne bénéficiait pas de l’infrastructure nécessaire à une voie de passagers. Ce projet est entièrement tombé à l’eau ce mercredi. Finalement, ce nouveau train de nuit ne dépassera pas Hambourg, dans le nord de l’Allemagne.

Retour en gare

C’est un coup dur qui va à contre-courant de la vague actuelle d’engouement pour les trains de nuit. Ces lignes nocturnes destinées aux voyageurs ont permis de relier l’ensemble de l’Europe tout au long du XXe siècle. Pour les générations de la construction européenne, c’était même la seule manière de voyager pour un prix abordable, et souvent réduit pour les étudiants. Mais ces trains sont rapidement tombés en désuétude au tournant du millénaire, confrontés à la concurrence croissante des compagnies aériennes low cost telles que Ryanair, moins chères, présentes partout, et surtout plus rapides.

Mais depuis quelques années le concept reprend vigueur autour de deux grands arguments. D’abord, le train reste finalement plus confortables que ces avions low cost bondés dans lesquels on a peu de place pour s’assoir, à condition de ne pas être trop grand, et où chaque kilo est compté dans des bagages qui valent chacun un supplément.

Le deuxième argument en faveur des trains est que: le trafic aérien est responsable de 2,65% des émissions de CO2 imputables à l’activité humaine, selon des chiffres de 2018. Une part de pollution qui a augmenté de manière exponentielle au fur et à mesure que les vols touristiques se démocratisaient et tissaient leur toile partout dans le monde. Bien sûr, ce n’est pas le retour des trains de nuit qui suffira à inverser la tendance. Mais le rail offre au moins une alternative favorable à un tourisme plus responsable, même si forcément plus lent.

Départ retardé pour Bruxelles

Capitale de l’Europe située presque au centre du continent, Bruxelles est idéalement située pour devenir un grand pôle de ces nouvelles lignes ferroviaires. Depuis quelques années, la ville sert d’ailleurs de terminus à la ligne ÖBB Nightjet, qui la relie à Vienne. Et le gouvernement suédois était très intéressé par cette nouvelle ligne vers le nord, afin de réduire le flux aérien pour atteindre les objectifs climatiques, mais aussi pour faciliter le tourisme entre Bruxelles et Malmö.

Où est l’aide de l’État ?

Sauf que chez nous, ni l’infrastructure ni les esprits n’y semblent préparés, selon Alexander Gomme, porte-parole pour le groupe de citoyens Back on Track Belgium. « Tant que le gouvernement belge ne définira pas les trains de nuit comme un transport public de passagers, de nombreuses entreprises de trains de nuit ignoreront notre pays. Avec le train Stockholm-Hambourg, les opérateurs peuvent profiter au maximum de l’aide de l’État suédois qui s’arrête à la frontière entre le Danemark et l’Allemagne, avec le train Malmö-Bruxelles beaucoup moins » a-t-il confié au Brussels Times.

La Suède fait partie d’une coalition informelle de pays qui veulent étendre le réseaux des trains de nuit à travers l’Europe, aux côtés de l’Autriche, des Pays-Bas et de la Suisse. Le royaume nordique n’hésite donc pas à investir dans ce genre de projet, attirant ainsi plus aisément les opérateurs ferroviaires. En Belgique, c’est visiblement plus compliqué et, l’année passée encore, alors que les partenaires potentiels ouvraient leur bourse, la Belgique rechignait à s’engager. Au risque de se retrouver exclue de ce qui sera, peut-être, la nouvelle tendance dans le transport de personnes à l’échelle du continent. Tout ça car le Belge aime l’avion. Rappelons que dans notre pays, le secteur aérien reste exempté de toute taxe sur le kérosène.

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