L’industrie belge du tourisme semble enfin revenue de la douloureuse parenthèse pandémique, avec des chiffres repartis franchement à la hausse et même légèrement supérieurs à ceux de 2019. C’est toutefois vrai en Flandre et en Wallonie : à Bruxelles, le secteur reprend moins fermement. Où, en plus, Airbnb a perdu 20% de ses nuitées.
Nouveau boom touristique en Belgique en 2022, mais Bruxelles est à la traine et plombe Airbnb

Pourquoi est-ce important ?
Ces dernières années, la plateforme décentralisée de location de nuitées Airbnb a été accusée de tous les maux dans de nombreuses villes. Le système encouragerait une concurrence déloyale envers les professionnels du tourisme, tout en faisant augmenter le prix des loyers dans les métropoles européennes. Pourtant, la situation de la plateforme est très variable d'une ville à l'autre.Les chiffres : selon les données de Statbel, l’office national des statistiques, le tourisme en Belgique s’est bien remis de la parenthèse coronavirus et renoue avec la croissance.
- On a enregistré 43.024.124 nuitées réservées dans le pays en 2022, soit 47% de plus qu’en 2021, année encore fort marquée par les restrictions causées par la pandémie. Mais c’est aussi une augmentation symbolique de 1% par rapport aux chiffres de 2019.
- Le nombre de nuitées a augmenté partout : de 33% par rapport à 2021 en Wallonie, et de de 39% en Flandre. Bruxelles voit même une augmentation de 162%.
- Mais c’est là en fait un mirage statistique. Car par rapport aux chiffres d’avant la pandémie, la Wallonie et la Flandre se portent en effet bien (+6% et +4% respectivement), mais la capitale accuse toujours une baisse de 16%. Les touristes sont de retour, mais plus forcément vers les mêmes destinations.
Autre phénomène à noter : Airbnb ne se porte pas au mieux dans notre capitale, à l’instar de nombreuses autres villes européennes qui tentent d’enrayer son omniprésence. Paris est d’ailleurs un cas d’école, avec un bras de fer continuel avec les pouvoir publics, mais aussi des JO en approche qui rendent Airbnb nécessaire pour assurer plus d’hébergement. Et qui assurent tant aux bailleurs qu’à la société de juteux bénéfices à venir.
La Belgique déjà mise en demeure en 2019
- Sur les plus de 43 millions de nuitées recensées en 2022, 5,8 millions ont été réservées sur des plateformes en ligne (sans distinction entre Airbnb et ses concurrents, mais la firme reste la plus populaire sur le marché), contre 6,5 millions en 2021. Un chiffre à comparer avec les 19,3 millions de nuitées passées dans des hôtels.
- Des chiffres en baisse donc, mais c’est à Bruxelles que tout semble plus compliqué si l’on en croit Airbnb. Le site y enregistrait 2,1 millions de nuitées en 2019, contre seulement 1,6 million en 2022. Une chute d’environ 20%, supérieure donc à la baisse générale du nombre de réservations dans la capitale.
- C’est là une « situation critique pour les habitants » selon Airbnb, qui apprécie toujours mettre en avant le gain potentiel que la plateforme représente pour ceux qui peuvent être propriétaire. Celle-ci aurait vu le nombre de nouveaux hôtes « doubler » au deuxième trimestre 2022 par rapport au nombre de nouveaux hôtes en 2021.
- Attention toutefois qu’il s’agit de données internes que la firme n’a pas communiquée, mais qu’elle met en rapport avec la hausse de l’inflation : les locations représenteraient un apport d’argent frais non négligeable pour de nombreux Belges.
- Or, selon elle, ceux-ci seraient confrontés à des obstacles administratifs particuliers de la région bruxelloise. En septembre dernier, le cabinet du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort avait présenté un avant-projet d’ordonnance devant faciliter les locations, tout en luttant contre la spéculation – que Airbnb est souvent accusé de favoriser dans les grandes villes.
- Mais pour qu’un particulier puisse louer légalement son logement sur une plateforme en ligne, il lui faut un certificat de conformité urbanistique, apparemment particulièrement difficile à obtenir.
- Un détail administratif que Airbnb juge à la limite de la fraude : « La Commission européenne a lancé une procédure en infraction à cet égard et une récente décision de la Cour d’appel de Bruxelles a de nouveau questionné la conformité du texte vis-à -vis du droit européen » a ainsi commenté la firme. Or, la Belgique avait déjà été mise en demeure en 2019 par la Cour de justice de l’Union européenne pour, justement, ces difficultés à se mettre en ordre administrativement afin de louer son bien sur ce genre de plateforme.
- Côté bruxellois, on se borne à répéter que la procédure suit son cours, tout en rappelant que l’on est ouvert à la discussion avec l’entreprise, rapporte l’Echo.