La Belgique a été espionnée pendant des années par les États-Unis et l’Allemagne, sans en être jamais informée

Avec l’aide des machines de décryptage de la société suisse Crypto AG, la CIA américaine et le BND, les services de renseignements de l’Allemagne de l’Ouest de l’époque, ont pu lire les messages des gouvernements pendant des années. La Belgique n’a pas dérogé à la règle, et contrairement à d’autres alliés, elle n’a pas été autorisée à collaborer avec les Allemands et les Américains. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par De Tijd.

L’essentiel : Les Américains et les Allemands ont espionné pendant des années les communications gouvernementales belges.

  • Entre 1973 et 1993, la CIA et le BND ont lancé l’Opération Rubicon. Les services de renseignements ont utilisé des machines de décryptage conçues par l’entreprise suisse Crypto AG. Les services de renseignement américains et ouest-allemands étaient devenus les actionnaires majoritaires de l’entreprise dans le plus grand secret au début des années 70.
  • Grâce à ces appareils, les communications des gouvernements ont pu être décryptées. Selon une enquête menée par De Tijd, il s’avère que des messages confidentiels échangés entre les diplomates belges à l’étranger et le siège de Bruxelles ont également été surveillés par les Américains et les Allemands.

Pas invitée à la fête

Douloureux : Les services de renseignements belges n’ont pas été impliqués dans le projet.

  • Contrairement à plusieurs autres alliés, la Belgique n’a pas été autorisée à se joindre à la fête. C’est ce qui ressort d’un rapport du Comité I, le service qui supervise les services de renseignement. Les États-Unis et l’Allemagne de l’Ouest ont mis en place un véritable réseau SIGINT (renseignement sur les signaux), auquel ont également participé les Pays-Bas, la Suède et le Danemark.
  • Il est aussi déplorable de constater que les services de renseignement belges n’étaient même pas au courant que les communications gouvernementales pouvaient être interceptées par des États alliés. Les services qui utilisaient eux-mêmes des équipements de Crypto AG pouvaient être espionnés sans le savoir, même s’il est difficile de connaître précisément l’ampleur de l’Opération Rubicon. Les demandes d’informations auprès des pays impliqués ont donné très peu de résultats ; les services étrangers refusent de donner trop d’informations.

(SR)

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