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Désaccord au sein de la BCE sur la première baisse des taux d’intérêt : « 2024 est trop tôt »

Désaccord au sein de la BCE sur la première baisse des taux d’intérêt : « 2024 est trop tôt »
Christine Lagarde : Alex Kraus/Bloomberg via Getty Images

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil d’administration de la Banque Centrale Européenne (BCE), s’attend à ce que l’institution monétaire réduise les taux d’intérêt cette année. Cependant, tous les membres du conseil ne sont pas convaincus.

Pourquoi est-ce important ?

La BCE a commencé à augmenter les taux d'intérêt à l'été 2022. Depuis lors, le taux de dépôt - la rémunération que les banques reçoivent sur l'excédent d'épargne qu'elles déposent à la banque centrale - est passé de -0,5 à 4 pour cent. Les marchés s'attendent à ce que la BCE change bientôt de cap.

Dans l’actualité : Le gouverneur français s’attend à ce que le taux de la BCE ait atteint un pic.

  • « La prochaine étape sera une baisse des taux », déclare-t-il à l’agence de presse Bloomberg. « Nous avons réussi à faire baisser l’inflation sans plonger la zone euro dans une récession. »
  • Cependant, il ajoute qu’il y a encore beaucoup d’incertitudes quant au moment de la première baisse des taux. « Beaucoup dépendra des données futures », dit-il.

Tout le monde n’est pas en faveur d’une baisse

Certains membres du conseil pensent qu’il est encore trop tôt pour parler de baisses de taux.

  • Robert Holzmann, gouverneur de la banque centrale d’Autriche, en fait partie. « La BCE pourrait ignorer les attentes du marché et ne pas baisser les taux pendant toute l’année 2024 », déclare-t-il dans un entretien avec le site d’information américain CNBC.
  • Selon Holzmann, l’inflation doit d’abord baisser à 2 % – l’objectif de la banque centrale – avant de parler d’assouplissement de la politique monétaire. Les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté en moyenne de 2,9 % le mois dernier par rapport à l’année précédente.
  • Joachim Nagel, président de la Banque centrale allemande, ne veut pas non plus précipiter les choses. « Nous avons toujours une inflation sous-jacente très élevée en Europe (3,4 %, ndlr), et c’est pourquoi il est bon d’attendre les données », a-t-il déclaré lors d’une table ronde diffusée par n-tv. « Nous déciderons ensuite des prochaines étapes de la politique. »

Que dit la présidente de la BCE ? Christine Lagarde souligne que des baisses de taux auront lieu, mais partage l’opinion de Nagel : « L’inflation doit d’abord baisser davantage. »

  • Elle a déclaré la semaine dernière dans une interview à France 2 qu’elle ne pouvait pas dire quand la première modification de politique interviendrait. Mais « si nous gagnons cette bataille, si nous atteignons 2 % (d’inflation, ndlr) comme nous le prévoyons en 2025, et si cela est confirmé par les données que nous aurons, alors j’ai beaucoup de confiance que les taux baisseront dès que nous aurons cette certitude », a déclaré la présidente de la BCE.
  • Les membres du conseil de la BCE se réuniront jeudi prochain pour discuter de la politique monétaire. Il est prévu qu’ils laissent les taux inchangés pour la troisième fois consécutive.

Les marchés espèrent plusieurs baisses de taux

À noter : Les attentes des investisseurs sont quoi qu’il en soit très élevées.

  • Les marchés monétaires prévoient cette année six baisses de taux de 25 points de base, la première dès avril.
  • Villeroy déclare que la BCE tient compte de ces attentes lorsqu’elle évalue les conditions financières, mais qualifie la situation du marché de plutôt volatile par rapport à la vision à long terme de la banque centrale. « Nous sommes un peu plus patients que les marchés », sourit le gouverneur français.
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