Bayer-Monsanto à nouveau devant les tribunaux malgré les 10 milliards d’euros de règlement à l’amiable

Ce vendredi commence un procès très médiatisé contre Bayer-Monsanto aux États-Unis. Quatre cancéreux poursuivent le géant de l’agrochimie, accusant son fameux herbicide Roundup de causer le cancer.

C’est déjà la quatrième fois que l’entreprise doit se défendre devant un jury américain contre des accusations similaires.

Cette fois-ci, le procès se déroule à Saint-Louis. Or, Monsanto y avait son siège social, jusqu’à ce que Bayer paie 63 milliards de dollars pour acheter la société en 2018. Coïncidence?

Des milliers d’actes d’accusation

Bayer-Monsanto a déjà mené à bien trois procès similaires et, à trois reprises, un jury a conclu que le géant de la chimie était responsable du cancer. Bayer a fait appel de tous les jugements.

Début 2019, un jury américain a ainsi accordé des dommages et intérêts de 2 milliards de dollars (1,79 milliard d’euros) à un couple de personnes âgées qui affirmait avoir contracté un cancer après avoir été exposés à l’herbicide Roundup.

Le cours de l’action Bayer a chuté de 50 % après le premier verdict en août 2018. Depuis lors, pas moins de 75.000 procès ont été intentés contre Bayer aux États-Unis pour ce pesticide controversé. La société négocie actuellement avec des avocats afin de régler toutes les réclamations à l’amiable.

Selon l’agence de presse Bloomberg, le géant de la chimie a mis de côté 10 milliards de dollars pour les paiements.

La plupart des plaignants reportent leurs poursuites en attendant ces négociations. Mais certains veulent déjà voir l’entreprise chimique germano-américaine répondre devant les tribunaux.

Manipulation des enquêtes

Les quatre patients américains dont les dossiers sont traités à Saint-Louis à partir d’aujourd’hui en font également partie. Tous les quatre ont été diagnostiqués avec un lymphome non-hodgkinien, un type de cancer des cellules sanguines lié au Roundup.

Bayer nie toutes les allégations selon lesquelles le Roundup ou le glyphosate, l’ingrédient actif du pesticide, causerait le cancer. La société affirme que des décennies d’études indépendantes montrent que l’herbicide le plus largement utilisé dans le monde est sans danger pour l’homme. Bayer ajoute que les régulateurs du monde entier ont approuvé le produit.

Ces deux affirmations de Bayer sont, au minimum, tirées par les cheveux. Car le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) affirme que le glyphosate est ‘probablement cancérigène’. Dans l’Union Européenne, l’herbicide est interdit aux particuliers. La France et l’Autriche vont également probablement introduire une interdiction totale cette année.

Un collectif de journalistes d’investigation a également rassemblé dans les Poison Papers une montagne de preuves que Bayer-Monsanto a manipulé la recherche scientifique pour faire paraître le fameux pesticide plus innocent qu’il ne l’est en réalité. Pendant des années, l’entreprise a passé ces enquêtes au crible pour prouver que ses produits étaient sûrs…

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