« Les banques qui se profilent comme particulièrement respectueuses de l’environnement sont les plus polluantes », estime la BCE

« Les banques qui se profilent comme particulièrement respectueuses de l’environnement sont les plus polluantes », estime la BCE
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Selon une étude de la Banque Centrale Européenne, les banques qui publient des rapports détaillés sur les questions environnementales octroient en moyenne 4% de prêts en plus à ce qu’on appelle l’industrie « brune » par rapport aux autres banques.

Au cœur de l’actualité : quatre économistes de la Banque Centrale Européenne, Mariassunta Giannetti, Martina Jasova, Maria Loumioti et Caterina Mendicino, ont analysé des centaines de déclarations de banques de l’UE.

  • L’étude a porté sur les informations environnementales publiées par 101 groupes bancaires systémiques de la zone euro, sur 1.397 rapports d’investisseurs et sur les publications des sites web des banques, couvrant la période de 2014 à 2020.
  • Les chercheurs ont remarqué une augmentation d’environ 27% des informations environnementales publiées par les banques durant cette période, reflétant l’intérêt croissant du public comme des entreprises pour les questions climatiques.
  • Ces déclarations, axées sur la durabilité, ont ensuite été comparées à leurs pratiques réelles en matière de prêt.

Des prêts en croissance de 4% à l’industrie « brune »

Le focus : les résultats sont frappants.

  • Malgré le fait que les banques communiquent de plus en plus sur leurs initiatives environnementales et mettent en avant leurs objectifs climatiques, il existe un écart notable entre leur communication et leur politique de prêt réelle.
  • L’étude révèle que les banques qui publient des rapports détaillés sur les enjeux environnementaux accordent en moyenne 4% de prêts en plus à l’industrie « brune » que les autres banques.
  • Autrement dit, les banques qui se vantent sur leurs sites web d’être particulièrement écologiques et propres sont en réalité les plus grandes contributrices à la pollution.

« Regardez ce qu’on dit, pas ce qu’on fait »

Zoom out : l’étude souligne un décalage entre les déclarations des banques sur l’environnement et leur politique de prêt effective ; elles sont souvent réticentes à remettre en question leurs relations de crédit existantes avec des clients à forte émission de CO2.

  • Lorsque les clients de ces secteurs « bruns » ne sont pas rentables et manquent d’alternatives de financement, les banques ont tendance à prolonger leurs prêts.
  • Ceci permet de maintenir ces entreprises en activité et d’éviter des pertes sur leur bilan.
  • Les banques qui communiquent beaucoup sur leurs actions environnementales ne se limitent pas à prêter à des clients « bruns » avec lesquels elles entretiennent des relations exclusives, mais aussi à ceux disposant de peu d’options de financement.
  • Ces clients seraient en difficulté si la relation bancaire prenait fin, et ils manquent probablement aussi de moyens pour adopter des technologies plus vertes, tant sur le plan opérationnel que financier.

MB

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