Attendre des mois pour une nouvelle voiture ou un nouveau canapé : commander longtemps à l’avance est la nouvelle normalité

Il semble de plus en plus probable que les problèmes d’approvisionnement au niveau mondial affecteront les livraisons de beaucoup d’achats – des vélos de course aux lits en passant par les voitures – jusqu’en 2022, voire 2023. Pour une voiture neuve, le délai d’attente peut même dépasser un an.

Choisir parmi la gamme limitée qui est en stock, ou passer une commande pour le canapé ou le vélo de course dont vous rêvez, au risque de devoir attendre des mois. C’est le nouveau dilemme auquel sont confrontés de nombreux consommateurs lorsqu’ils font des achats importants, car les contretemps dans la chaîne d’approvisionnement prennent plus de temps que prévu.

Dans le secteur de l’ameublement, les longs délais de livraison sont particulièrement fréquents pour les produits qui nécessitent beaucoup de travail manuel. Tout d’abord, certaines usines d’Europe de l’Est n’ont pas survécu à la pandémie, et celles qui ont supporté la crise sont confrontées à d’importantes pénuries de personnel en raison des réglementations de quarantaine liées au Covid. Ensuite, certaines pièces ne sont pas disponibles, en raison de problèmes chez les fournisseurs de matière première. Le bois, en particulier, semble n’être disponible qu’en quantité limitée.

Quatre mois d’attente

« Les retards s’accumulent donc dans la chaîne de production et l’avenir proche reste malheureusement imprévisible », signalent plusieurs magasins de meubles. « Il n’y a pas de gagnants. Cette situation n’est pas bonne pour le client, ni pour nous et pas non plus pour nos fabricants de meubles. » Des temps d’attente de quatre mois ou plus ne sont pas une exception.

Les acheteurs potentiels qui souhaitent éviter l’incertitude liée à de longs délais d’attente sont invités à choisir un canapé ou un lit déjà stocké dans les entrepôts en Belgique. « Lorsqu’il s’agit de commandes personnalisées, nous donnons une date butoir, mais nous ne pouvons pas exclure les mauvaises surprises », explique un magasin de meubles.

Une autre solution pour ceux qui ne peuvent pas attendre est le marché de l’occasion, qui pour plusieurs gros achats familiaux – dont les voitures – connaît un regain depuis la crise du coronavirus.

« Pas seulement un problème de puces informatiques »

Selon la société de leasing Arval, aujourd’hui encore, il faut attendre des mois, et parfois plus d’un an, pour obtenir une nouvelle voiture. La pénurie de puces informatiques est souvent mise en cause. Mais il existe de nombreux autres facteurs de retard, indique le département d’étude Arval Consulting.

« Outre les pénuries de semi-conducteurs, les facteurs qui jouent un rôle sont notamment le manque de matières premières, les processus de système au sein même du secteur automobile, la hausse des coûts de transport et les tensions géopolitiques avec la Russie et la Chine. » L’aluminium, le magnésium et le cuivre se sont raréfiés et de nombreuses matières plastiques sont également difficiles à trouver.

Pendant des années, les constructeurs automobiles ont été habitués à travailler avec des livraisons en flux tendu. Celles-ci sont aujourd’hui en train de s’effondrer, car les fournisseurs de semi-conducteurs et d’autres composants ont pris des engagements à long terme dans d’autres secteurs. « Nous le ressentirons jusqu’en 2023 », craint Yves Ceurstemont d’Arval Consulting.

Des transports par conteneur très chers

Le bureau d’étude Oxford Economics s’attend à ce que les goulets d’étranglement et les nombreux problèmes de coordination dans la chaîne d’approvisionnement mondiale durent au moins plusieurs mois. Cela entraînera non seulement des retards, mais aussi des augmentations de prix, car les tarifs du transport par conteneurs de la Chine vers le reste du monde restent élevés.

En septembre 2021, les entreprises européennes ont dû payer huit fois plus pour le même transport en conteneurs qu’avant la pandémie. Les prix semblent s’être stabilisés depuis lors, mais aujourd’hui ils sont encore environ neuf fois plus élevés que le point bas de juin 2020. La plupart des observateurs s’attendent à un retour progressif à des prix « normaux » pour le transport par conteneurs seulement à partir du second semestre de 2022.

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