Après l’industrie fossile, l’industrie du bois: les Etats membres se rebiffent contre le plan déforestation de l’Europe

Après un plan forêts annoncé en juillet, la Commission européenne doit élaborer des stratégies concrètes pour lutter contre la déforestation et préserver la biodiversité. Les États membres estiment que le secteur du bois est oublié, ainsi que les avis de leurs ministres respectifs.

Pourquoi est-ce important ?

Les bois représentent 43% de la surface de l'Europe, et sont d'importants puits à carbone. Ils sont cependant menacés par le réchauffement climatique et les activités humaines. D'un autre côté, la filière du bois représente 20% des entreprises manufacturières de l'Union européenne.

Entre les États membres et la Commission européenne, la discorde semble souvent de mise. Sur le sujet des forêts également, les deux entités ne semblent pas s’entendre, même si les ministres de l’agriculture, réunis mardi à Bruxelles, saluent le plan de la Commission en la matière.

Le plan, présenté en juillet, comporte de nombreuses ambitions : planter trois milliards d’arbres, imposer aux Etats de restaurer la nature, harmoniser les collectes de données, indemniser les propriétaires s’ils gèrent leur forêt de manière durable. Le plan était présenté comme des idées et des concepts, mais aujourd’hui la Commission doit élaborer des mesures concrètes.

Les Etats membres expriment alors leurs griefs. Même s’ils reconnaissent l’importance des forêts en termes de biodiversité et de lutte contre le changement climatique, ils estiment que la forêt est trop réduite à ces facteurs précisément, et que la Commission oublie ses autres fonctions, notamment économiques, comme la production de bois. Ils exhortent alors la Commission à trouver un équilibre, en préconisant la gestion durable des forêts.

Les Etats membres dénoncent aussi le fait que la Commission ne les consulte pas (même si c’est la compétence des différents Etats), ni les propriétaires et gestionnaires des forêts. Ce grief va de pair avec un autre: des réalités de terrain différentes, mais un plan uniforme et centralisé.

Déforestation et réchauffement climatique

Des tergiversations politiques qui en rappellent d’autres. A la COP26, des pays du monde entier voulaient s’engager à lutter contre la déforestation, mais certains ne sont plus d’accord avec le texte. L’Indonésie abrite la 3e plus grande forêt du monde (dont la moitié a disparu depuis les années 60), et arrêter la déforestation, serait contraire à sa croissance économique.

Cependant, pour lutter contre le réchauffement climatique, les forêts jouent un rôle crucial. Elles sont le poumon de la terre: elles absorbent le CO2 et rejettent de l’oxygène. Mais dernièrement, l’Amazonie rejette plus de CO2 qu’elle n’en absorbe, ce qui pour de nombreux experts est un point de non-retour du réchauffement climatique.

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