Après les chars à l’Ukraine, les avions, mais une fois encore l’Allemagne risque de freiner des quatre fers

La guerre ne s’arrête pas avec la décision d’envoyer des chars de combat ; l’OTAN et l’Ukraine pensent déjà à la suite, et à une nouvelle bataille pour outrepasser certaines réticences qui deviennent des réflexes, dans un certain pays. Mais d’autres fournisseurs pourraient se manifester.

Pourquoi est-ce important ?

L'invasion de l'Ukraine ne prendra pas magiquement fin avec l'annonce de livraisons de matériels toujours plus perfectionnés pour renforcer l'armée de Kiev ; outre que former des tankistes prendra du temps, chaque nouvelle livraison massive a pour but de combler un besoin immédiat selon la situation. Et pour que l'Ukraine garde une chance de l'emporter, elles doivent continuer.

Après les chars modernes, les avions de chasse

  • Alors que les chars, en particulier les Leopard 2 sont en route vers l’Ukraine – ce qui prendra un moment – le débat se porte maintenant sur des avions occidentaux. Kiev a aussitôt renouvelé ses demandes d’aide, la Russie disposant d’une suprématie aérienne sur la majeure partie du champ de bataille qui rend toute reprise des offensives ukrainiennes difficile.
  • Le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Melnyk, a appelé à la création d’une « coalition d’avions de chasse » pour fournir à l’Ukraine des F-16 et des F-35 américains, des Eurofighters, des Tornados, des Rafale français et des Gripen suédois. En résumé, tout ce que l’UE et l’OTAN pourraient avoir de disponible.
  • Le tabou des chars ayant été levé, le débat sera sans doute plus facile ; Washington a annoncé que l’idée serait discutée « avec beaucoup d’attention » avec les Ukrainiens. Mais Euractiv précise que les chancelleries européennes, prudentes, évitent de s’engager explicitement.
  • Certains pays ont toutefois déjà fait part de leur bonne volonté : le ministre slovaque des Affaires étrangères, Rastislav Káčer a déclaré que son pays était prêt à céder des Mig-29 d’origine soviétique, et les Néerlandais ont évoqué leurs propres F-16. La Pologne, qui a déjà envisagé de livrer des avions l’année dernière avant d’être rappelée à l’ordre, pourrait suivre.

L’Allemagne freine déjà des quatre fers

Pour Berlin, à qui il a fallu forcer la main pour obtenir la promesse de chars – et surtout l’autorisation de réexportation pour les nombreux pays disposant de tanks allemands – c’est tomber de Charybde en Scylla.

  • « La question des avions de combat ne se pose pas du tout », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz dans une interview accordée au Tagesspiegel ce dimanche. « Le fait que nous venions à peine de prendre une décision, et que le prochain débat s’enflamme en Allemagne, cela semble tout simplement frivole. »
  • La question reste sensible en Allemagne, et le gouvernement au pouvoir semble de plus en plus divisé sur la question de l’aide militaire à l’Ukraine, alors que le chancelier s’obstine à vouloir « éviter la surenchère » face à Vladimir Poutine, ce qui dans les faits, revient à faire inconsciemment le jeu de Moscou. « Je ne peux que déconseiller d’entrer dans une compétition constante pour surenchérir sur la fourniture de systèmes d’armes » martelait encore le chancelier ce dimanche.

Des armes d’Extrême-Orient ?

Si l’Allemagne rechigne à nouveau, d’autres pays peuvent peut-être aussi faire sauter leurs tabous.

  • Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, était à Séoul ce lundi, dans le cadre d’une tournée asiatique, et il a exhorté la Corée du Sud à s’impliquer dans l’aide militaire à l’Ukraine.
  • Le pays est un fournisseur d’armements lourds qui prend du poids, des pays comme la Pologne ayant récemment passé des commandes massives. Mais la loi du pays interdit la fourniture d’armes à un belligérant.
  • Une règle qui peut changer balaie Stoltenberg : même l’Allemagne, ironiquement, a fait sauter cette règle, de même que la Suède et la Norvège.

« J’exhorte la République de Corée à poursuivre et à intensifier la question spécifique du soutien militaire. En fin de compte, c’est à vous de prendre la décision, mais je dirai que plusieurs alliés de l’OTAN qui avaient pour politique de ne jamais exporter d’armes vers des pays en conflit ont changé cette politique maintenant. Si nous ne voulons pas que l’autocratie et la tyrannie gagnent, alors ils ont besoin d’armes, c’est la réalité. »

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