Après des mois de plein essor, le dollar montre des signes de faiblesse

Les marchés spéculent que la Fed pourrait réduire la voilure sur les augmentations des taux d’intérêt, après les hausses prévues en juillet. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour le dollar, qui perd en valeur, mais une bonne nouvelle pour l’euro, qui fait le chemin inverse.

Avec les augmentations des taux de la Fed, les obligations d’État américaines obtiennent un meilleur rendement et gagnent en attractivité auprès des investisseurs. Avec ce meilleur rendement des obligations et l’intérêt des investisseurs, le dollar gagnait logiquement en puissance. Depuis plusieurs mois, le dollar est en pleine bourre par rapport à l’euro, et par rapport à de nombreuses autres monnaies, comme le yuan.

Mais entre-temps, la donne a un peu changé. Les marchés boursiers ont observé une forte chute depuis la hausse des taux d’intérêt par la Fed, début mai, et les risques de recul de la croissance, aux Etats-Unis, sont de plus en plus pointés du doigt. Ce qui laisse imaginer certains investisseurs, dont la Bank of America, que la Fed pourrait ralentir, voire suspendre les hausses des taux d’intérêt, en deuxième moitié de l’année (pour les deux prochaines hausses, en juin et en juillet, le marché s’attend à deux tranches de 50 points de pourcentage respectivement).

C’est de l’ordre de la spéculation, car le président de la Fed, Jerome Powell, répète régulièrement qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour calmer l’inflation. Cela indique qu’un arrêt des hausses des taux, voire une augmentation moins forte que prévue, n’est pas à l’ordre du jour. Cependant, si les deux hausses montrent un effet positif contre l’inflation, certains responsables de la Fed indiquent dans un compte rendu paru en début de semaine que la voilure pourrait être réduite. La chute des cours boursiers ne semble pas non plus le dévier de son cap. Mais cette spéculation a un impact réel : le dollar perd de son élan.

A côté de cette spéculation, d’autres éléments font également pression sur le cours du dollar, comme la récente baisse du taux de rendement sur les obligations et des chiffres moins bons pour l’économie américaine. Le PIB a reculé de 1,5% au premier trimestre (en rythme annualisé, c’est-à-dire comparé au trimestre précédent et projeté sur le reste de l’année), alors que le marché s’attendait à une baisse de 1,3%.

Plus forte chute en quatre mois et coup de pouce à l’euro

L’indice du dollar, un indice qui compare la devise des Etats-Unis à un ensemble d’autres devises, est tombé à 101,43 points, le plus bas point depuis le 25 avril, rapporte Reuters. Mais cette semaine, le dollar a perdu 1,3% sur cet indice. Cela représente sa plus forte chute depuis début février. En début du mois, le dollar était encore à 105 points, le meilleur score en près de vingt ans.

L’euro a immédiatement et grandement profité de cette chute. Il affiche désormais 1,07 dollar (pour un euro), contre moins de 1,04 il y a deux semaines. Il y a un an cependant, la monnaie commune européenne était encore en position de force absolue, avec 1,22 dollar l’euro.

En ce mois de mai, elle regagne lentement du terrain, grâce à des annonces de la Banque centrale européenne de vouloir augmenter les taux d’intérêt prochainement, mais il semble que cette augmentation devrait rester limitée. Selon des analystes d’ING, cette montée de l’euro va de pair (en miroir), avec la chute du dollar. Mais ils estiment que le dollar devrait être au bout de sa chute, et que l’euro devrait glisser sous les 1,07 dollar à nouveau. Le dollar reste notamment la monnaie d’échange pour le pétrole, ce qui lui assure une certaine puissance intarissable.

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