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L’application chinoise d’e-commerce Temu pratique le dumping, un expert met en garde : « Il ne faut pas rentrer dans ce jeu »

L’application chinoise d’e-commerce Temu pratique le dumping, un expert met en garde : « Il ne faut pas rentrer dans ce jeu »
Photo: Jakub Porzycki/NurPhoto via Getty Images et LinkedIn Bart De Waele

Depuis deux semaines, l’application chinoise d’e-commerce Temu sera également disponible en Belgique. Temu se distingue par sa variété de produits à des prix très avantageux. Bart De Waele, du cabinet de conseil en numérique Duke & Grace, expose la stratégie qui se cache derrière la plateforme.

Pourquoi est-ce important ?

Temu rencontre un succès particulièrement important auprès des jeunes. En investissant dans des campagnes marketing approfondies sur TikTok, la plateforme cible un public qui cherche à dépenser le moins possible, ce qui atténue les éventuelles préoccupations éthiques.

L’essentiel : Voici ce que déclare Baert De Waele au sujet de l’application chinoise Temu :

  • « Temu relie les producteurs chinois aux consommateurs du monde entier. La plateforme utilise ce qu’elle appelle le « reverse manufacturing ». Elle se concentre principalement sur les produits qui ont du succès et ne passe commande que lorsqu’elle est certaine qu’il y aura suffisamment d’acheteurs. Cela signifie que les producteurs ne produisent que lorsqu’ils sont certains de vendre, ce qui réduit les coûts. »
  • « Temu est une nouvelle application, mais elle est une filiale de la société chinoise Pinduoduo, qui est un acteur l’e-commerce chinois qui jouit d’un grand succès depuis de nombreuses années. Il dépense actuellement beaucoup d’argent pour gagner des parts de marché. Temu vend en dessous du prix. Du fait qu’il a beaucoup de visiteurs et d’acheteurs, il va également gagner de l’argent grâce à la publicité. Il gagne donc le moins possible sur la vente des produits eux-mêmes. »
  • « Pour l’instant, Temu est synonyme de matériel très bon marché et donc de qualité douteuse. En tant que producteur européen, vous ne devez pas jouer ce jeu. Vous recherchez plutôt la qualité, la sécurité et la fiabilité, ce qui a un autre coût », explique encore De Waele.

Sentiment d’urgence et travail forcé

En savoir : En France, la qualité des produits proposés sur Temu fait l’objet d’une enquête de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF).

  • Le modèle de la plateforme génère de nombreuses interrogations, alors qu’elle n’a qu’un an. Si la maison-mère de Temu, Pinduoduo, a réussi à générer 37,64 milliards de yuans (4,8 milliards d’euros) de chiffre d’affaires au premier trimestre 2023, devenant ainsi le numéro trois de l’e-commerce en Chine, Temu n’est pas encore rentable. Elle cherche d’abord à inonder les marchés étrangers, bien davantage que les numéros 1 et 2 chinois, Alibaba et JD.com.
    • Pour le moment, c’est réussi : l’application a rapidement pris la première place des téléchargements aux États-Unis, trois mois après son lancement l’an dernier.
    • En avril, elle a été introduite dans l’Union européenne, notamment en France, au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et en Allemagne. C’est ici aussi un succès retentissant.
    • En France, fin août, elle occupait la première place des téléchargements sur iOS et Android.
  • En outre, l’éthique derrière la plateforme pose question. Un rapport du Congrès américain publié en juin mettait en garde le consommateur contre « le risque extrêmement élevé que les chaînes d’approvisionnement de Temu soient contaminées par le travail forcé« .
  • Le slogan de la plateforme, « Achetez comme un milliardaire » (« Shop like a billionnaire« ) joue sur les opportunités quasiment illimitées de Temu, sur laquelle on peut ainsi s’offrir une paie de baskets pour à peine 11 euros, dans la même veine que sur AliExpress ou Wish.
  • De plus, elle joue sur le sentiment d’urgence auprès du consommateur, à coup d’offres présentées comme « exceptionnelles » et limitées dans le temps. Les « ventes flash » de Temu pullulent sur les réseaux sociaux.
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