Apple et Microsoft en campagne contre l’UE pour protéger iMessage et Bing : que se passe-t-il exactement ?

Les firmes de Cupertino et de Redmond sont engagées dans une bataille pour influencer Bruxelles concernant la nomination des « gatekeepers », ces entreprises technologiques qui ont une telle influence dans leur secteur d’activité qu’elles y règnent en maître.  

L’actualité : Apple et Microsoft tentent de défendre certains de leurs services auprès de Bruxelles.

  • Selon elles, iMessage et Bing en particulier ne sont pas suffisamment populaires que pour être considérés comme « gardiens » dans le cadre de la nouvelle législation européenne.

Contexte : cette bataille entre les deux firmes et Bruxelles prend forme alors que l’UE s’apprête à désigner ce mercredi 6 septembre la liste des services qui seront concernés par le Digital Markets Act (DMA) et qui devront se plier aux exigences européennes en matière de marché numérique.

  • Cette législation, entrée en vigueur en mai dernier, vise à rendre l’espace numérique équitable pour tous les acteurs.
  • Pour y parvenir, l’UE va dans un premier temps désigner les services et entreprises qui profitent d’une position dominante pour asseoir leur pouvoir sur la concurrence, quitte à la réduire à néant.
  • Ensuite, ceux qui seront désignés – donc, possiblement iMessage et Bing – devront s’adapter pour s’ouvrir à la concurrence en permettant notamment le partage de données avec des tiers ou encore l’interopérabilité de leurs services avec des applications concurrentes.

À noter : l’UE a statué sur différents critères pour désigner les plateformes et services « gatekeepers ». Il est notamment question de comptabiliser plus de 45 millions d’utilisateurs actifs mensuels au sein de l’UE, d’avoir un chiffre d’affaires annuel supérieur à 7,5 milliards d’euros et une capitalisation boursière supérieure à 75 milliards d’euros.

  • Bruxelles se réserve cependant le droit d’élargir ses critères pour englober plus d’acteurs.

« Ca ne serait pas juste »

  • Microsoft estime que Bing ne devrait pas être considéré de la même manière que le mastodonte incontesté Google Search et donc, qu’en raison de sa popularité limitée par rapport à son concurrent, qu’il ne devrait pas être soumis aux mêmes obligations, rapporte le Financial Times sur base de sources proches du dossier.
    • La firme de Redmond assure que la part de marché de Bing à l’échelle mondiale n’est que de 3 %.
    • Et donc qu’un examen plus approfondi pourrait le désavantager, ce qui serait contreproductif vis-à-vis du but poursuivi par l’UE.
    • En étant contrainte de proposer d’autres moteurs de recherche sur Bing, Microsoft pourrait finalement accroitre la domination de Google, avance l’entreprise.
  • Quant à ses autres services, Microsoft devrait se montrer plus conciliante. Difficile, en effet de nier que son système d’exploitation Windows domine l’industrie des PC.

La défense d’Apple concernant iMessage est assez similaire et tient en ceci : le service n’est pas si populaire que ça.

  • La firme de Cupertino assure qu’iMessage n’atteint pas le seuil de nombre d’utilisateurs auquel les règles du DMA s’appliquent.
  • Le service ne devrait donc pas se conformer à l’obligation de s’ouvrir à la concurrence telle que WhatsApp.
  • À noter que le nombre d’utilisateurs de l’application est inconnu puisqu’Apple ne divulgue plus cette information depuis des années.
  • Pourtant, selon les estimations des analystes, ils seraient près d’un milliard à utiliser cette application de messagerie propre à l’écosystème d’Apple que l’on retrouve sur iPhone, iPad et Mac.

En conclusion : si l’inclusion d’iMessage et de Bing dans la liste des services et des plateformes devant être réglementés dans le cadre du DMA ne fait pas encore l’unanimité à Bruxelles, ce n’est très certainement pas le cas d’Instagram, Facebook, Google Search ou encore l’App Store.

  • Dans tous les cas, l’UE s’attend à ce que son annonce le 6 septembre prochain fasse réagir et donc, à un grand nombre de contestations. Amazon l’a fait récemment dans un cadre similaire.
Plus