Apple, cimetière de Tesla, vraiment ? Le chef de l’Autopilot, qui a osé défier Musk, file à Cupertino

C’est un secret de polichinelle: Apple travaille sur sa propre voiture, électrique et intelligente. Pour ce faire, la marque à la Pomme engage à tour de bras des employés de constructeurs automobiles reconnus. Et surtout de Tesla. Dernier coup en date: l’embauche de l’ancien directeur de l’Autopilot.

D’après des informations du média américain Bloomberg, Apple vient d’embaucher Christopher Moore. Cet ingénieur travaillait pour Tesla depuis 2014, où il était devenu fin 2019 le directeur de l’Autopilot, le logiciel de pilotage automatique de l’entreprise d’Elon Musk.

Ce qui pourrait s’apparenter à un joli « vol » de la part d’Apple n’en est en fait pas vraiment un. Si Moore était bien à la tête de l’Autipilot depuis près de deux ans, il n’était plus du tout dans les bonnes grâces de Tesla. Pour preuve… il n’y travaillait plus.

Cette séparation s’explique notamment par le fait que l’ingénieur ait osé défier Elon Musk plus tôt cette année. Interrogé en mars dernier par le California Department of Motor Vehicles (l’autorité compétente en matière de sécurité routière en Californie), Christopher Moore avait laissé sous-entendre que le patron de Tesla exagérait fortement sur les capacités de son équipe. A l’époque, il avait déclaré que Tesla était sur le point de permettre à ses voitures de rouler de façon totalement autonome dans le courant de l’année. Un excès d’optimisme qui avait été fortement tempéré par Christopher Moore… et qui n’avait pas plus au boss.

Le mois dernier, dans le cadre d’un procès intenté contre Tesla en Floride suite au décès d’un homme dans un accident en 2019 alors qu’il utilisait Autopilot, l’ingénieur avait été appelé à témoigner. C’est là que tout le monde s’était aperçu qu’il ne travaillait plus pour Elon Musk. Et tout porte à croire que leur clash en est la cause.

Du Tesla en veux-tu en voilà chez Apple

Chez Apple, Christopher Moore va travailler au sein du département « logiciel » de la future Apple Car sous les ordres d’un dénommé Stuat Bowers. Lequel vient lui aussi de chez Tesla, où il avait également été à la tête de l’Autopilot jusque mi-2019. Il avait rejoint Cupertino fin 2020.

En plus de ces deux hommes, Apple compte également dans ses rangs deux autres anciens très hauts responsables de Tesla. A savoir Michael Schwekutsc et Steve MacManus. Chez Elon Musk, ils étaient respectivement responsable des groupes motopropulseurs et responsable des intérieurs des véhicules.

Ils travaillent donc tous au sein du Titan Project, l’unité d’Apple qui développe depuis plusieurs années une voiture électrique et intelligente. Et ce n’est pas tout. En réalité, Apple a déjà engagé des dizaines d’ex-employés de Tesla. Rien qu’à l’été 2018, sur base d’une analyse de données de LinkedIn, CNBC avait révélé que pas moins de 46 personnes engagées par la marque à la pomme cette année-là avaient précédemment œuvré pour le compte d’Elon Musk.

« Des ingénieurs importants ? Non, des gens que nous avons virés »

Le phénomène n’est donc pas neuf du tout. En 2015 déjà, des ingénieurs de Tesla quittaient régulièrement Palo Alto pour Cupertino, deux villes de la Silicon Valley distantes de moins de 10 km, fiefs de, respectivement, Tesla et Apple. Interrogé sur le sujet par le quotidien allemand Handelsblatt, Elon Musk s’était ouvertement moqué de son rival.

« Des ingénieurs importants ? Ils ont engagé des gens que nous avons virés. Nous appelons toujours Apple, en plaisantant, le ‘cimetière de Tesla’. Si vous ne réussissez pas chez Tesla, vous allez travailler chez Apple. Je ne plaisante pas », avait-il répondu. Depuis, comme on vient de le voir, Apple est toutefois passé des « petites mains » à de hauts responsables.

Quand on lui avait demandé s’il considérait Apple comme un concurrent sérieux sur le plan des voitures, Elon Musk avait à nouveau ironisé. « Avez-vous déjà jeté un coup d’œil à l’Apple Watch ? (rires) Non, sérieusement : C’est bien qu’Apple avance et investisse dans cette direction. Mais les voitures sont très complexes par rapport aux téléphones ou aux smartwatches. Vous ne pouvez pas simplement aller chez un fournisseur comme Foxconn et dire : Construisez-moi une voiture. Mais pour Apple, la voiture est la prochaine chose logique pour enfin offrir une innovation significative. Un nouveau stylet ou un iPad plus grand n’étaient pas suffisamment pertinents », avait-il asséné.

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