Ancien soldat britannique révèle trafic de migrants via ports de plaisance privés


Principaux renseignements

  • Les ports de plaisance privés sont des points névralgiques pour la contrebande en raison des mesures de sécurité laxistes.
  • L’ancien soldat britannique Nick a révélé comment il a fait entrer clandestinement des dizaines de migrants vietnamiens au Royaume-Uni à bord d’un yacht, en accostant dans des ports de plaisance privés le long de la côte sud-est.
  • L’opération a été organisée par Lin, une Vietnamienne condamnée pour des délits liés à la drogue, qui a versé à Nick et à son associé 12.000 livres sterling par migrant.

Un ancien soldat britannique, se présentant sous le pseudonyme de « Nick », a révélé à la BBC comment il avait fait entrer clandestinement des dizaines de migrants vietnamiens au Royaume-Uni à bord d’un yacht accostant dans des marinas privées situées sur la côte sud-est de l’Angleterre. Selon plusieurs capitaines de port anonymes, ces marinas sont particulièrement vulnérables car elles ne disposent pas des mesures de sécurité présentes dans les ports commerciaux.

Nick a également admis avoir auparavant introduit des migrants albanais via les ferries. Ces derniers se cachaient dans des camions pour traverser la Manche. Il a qualifié ces routes de « faciles » et « peu risquées ». Sa motivation était d’ordre financier, liée à des difficultés économiques après la crise de 2008, alors qu’il cherchait à subvenir aux besoins de sa famille.

Opérations de contrebande

Le parcours de Nick dans le trafic de migrants a débuté en 2009, lorsqu’un ami albanais lui a proposé une forte somme pour chaque migrant introduit au Royaume-Uni. Sa première méthode consistait à dissimuler des personnes dans le coffre de sa voiture près des ports français. Une fois sur les ferries, il repérait un camion choisi par un complice resté à terre.

Nick ordonnait ensuite au migrant de monter à bord du camion, souvent muni d’un couteau pour créer un point d’accès. Le complice suivait ensuite le camion à la sortie du ferry et récupérait le migrant lorsque le véhicule s’arrêtait. L’opération fonctionnait sans accroc jusqu’à ce qu’un ami signale son comportement suspect aux autorités françaises, ce qui mena à son arrestation.

Manque de sécurité dans les ports de plaisance

Après avoir passé cinq mois en prison en France, Nick retrouva son complice Matt, libéré de manière anticipée en 2017. Ensemble, ils ont relancé leurs activités, cette fois en utilisant un yacht pour transporter des migrants vietnamiens depuis la France vers Ramsgate Marina.

L’opération était organisée par Lin, une femme vietnamienne avec un passé criminel lié au trafic de drogues. Elle leur versait 12.000 livres sterling par migrant, a-t-il déclaré à la BBC. Nick ciblait Ramsgate Marina en raison de sa taille, de sa sécurité laxiste et du manque de contrôle sur les membres enregistrés comme lui. La présence des navires de la Border Force dans la marina lui permettait également de surveiller leurs mouvements.

La Border Force, chargée de la sécurité des côtes britanniques, admet qu’il est difficile de surveiller toutes les marinas et petits ports, souvent exploités de manière privée. Elle compte donc sur les informations issues de la communauté maritime pour orienter efficacement ses ressources.

Tony Smith, ancien chef de la Border Force, a souligné la nécessité d’un renforcement des moyens et d’une vigilance accrue le long du littoral. Il a salué les révélations de Nick, qui mettent en lumière une facette moins médiatisée mais tout aussi préoccupante de l’immigration illégale. Contrairement aux traversées en petits bateaux souvent médiatisées, les migrants vietnamiens de Nick cherchaient à rester invisibles et à intégrer l’économie souterraine, notamment en travaillant dans des plantations de cannabis.

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